Nutrition, prix, impacts gaz à effet de serre : les atouts de « l’assiette » WWF

A travers son programme Live well for life, WWF propose de revoir le contenu des assiettes françaises, via une alimentation moins consommatrice en gaz à effet de serre, compatible avec la qualité nutritionnelle et moins coûteuse.Depuis 2011, la France est l'un des trois pays pilote du projet « Live well for life », avec l'Espagne et la Suède. Si l'objectif principal est de diminuer de 25 % les émissions de gaz à effet de serre liées à la chaine alimentaire, trois autres enjeux ont été identifiés : proposer des « assiettes » dont le contenu respecte les cultures alimentaires des trois pays, tout en améliorant leur qualité nutritionnelle et en réduisant leur prix pour le consommateur. Le projet Livewell, porté par WWF et dont le coût s'élève à 2,07 M€, est financé par le programme pour l'environnement Life+ de l'Union européenne et a été mis en œuvre avec la contribution de l'association Friends of Europe.
 

Assiette type française actuelle en g/personne/jour.

48 grammes de viandes et… 54 centimes en moins par jour
Par rapport au régime français actuel, la consommation de légumineuses (pois, lentilles…) et de céréales augmente considérablement dans l'assiette Livewell (+ 242 g par jour). En revanche, les plus importantes baisses de consommation touchent les produits sucrés fortement transformés comme les gâteaux. La consommation de viande et de produits à base de viande est également revue à la baisse mais dans une mesure relative, passant de 138 g en moyenne à 90 g par jour. La consommation de produits laitiers augmente, mais modestement (+ 25 g par jour). Elle change surtout de nature, puisque qu'il est recommandé de ralentir sur le fromage au profit des produits frais (yaourt, lait…). Le régime Livewell pour la France permettrait, outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de baisser les dépenses alimentaires journalières d'un individu moyen de 4,90 € à 4,36 € par jour.

Assiette type proposée par WWF en g/personne/jour.

Des bénéfices au-delà de l'environnement
Une fois les assiettes élaborées, reste à définir les impacts de leur adoption. Une modélisation a permis de les estimer au niveau européen si 30 % de la population optaient pour une assiette WWF, ou si 70 % faisaient ce choix. Dans le premier cas, la baisse des émissions totales de GES en Europe atteindrait les 2,1 % à l'horizon 2020. Le seul secteur agricole contribuerait à cette baisse à hauteur de  0,6 % et verrait son excédent de bilan azoté global chuter de 1,6 % (différence entre l'azote ajouté et l'azote éliminé par le système agricole). Enfin, l'obésité devrait également reculer d'ici à 2020 (entre 3,6 et 6,7 %) dans ce cas. Le scénario « Livewell 70 % » verrait une diminution de 4 % des GES, dont 1,5 % pour le secteur agricole et un recul du bilan azoté de 3 %. L'obésité chuterait de 8,4 % à 15,7 % en Europe*, ce qui représenterait une économie de prise en charge de l'obésité et maladies connexes comprise entre 16 à 32 milliards d'euros dans l'UE selon les projections.

Convaincre le consommateur
L'enjeu est maintenant de définir les moyens d'encourager  les pouvoirs publics, le secteur privé et les consommateurs à s'orienter vers ces assiettes. En France, WWF a avancé avec différents acteurs : l'Inra, l'Ademe, l'Anses, le CIV, mais aussi les ministères en charge de l'Alimentation et de l'Ecologie. Quatre leviers ont été identifiés : l'étiquetage environnemental, l'éducation, l'aspect financier (réduire la TVA des « bons » produits, taxer les « mauvais »), et des politiques publiques favorables. L'ensemble des mesures d'implémentation du régime Livewell a été étudié par WWF au niveau européen à l'occasion d'un groupe de travail le 11 juin, pour recenser les expériences des différents pays. Les idées seront hiérarchisées selon leur faisabilité, leur acceptabilité auprès des consommateurs et leur efficacité, afin de dresser une feuille de route par pays d'ici à 2020.