« WWF pousse les grandes filières végétales à la certification environnementale »

23 juillet 2014 - La rédaction 

Filières huile de palme et soja, solutions de substitutions pour l'alimentation animale… Arnaud Gauffier, chargé de programme agriculture au WWF France, fait le point, pour Campagne et environnement, sur le positionnement de l'ONG sur différents sujets liés à l'agriculture, au niveau national et international.
 

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Quelle est la posture de WWF sur un thème « agricole », comme la culture de l'huile de palme ?
Nous ne prônons pas forcément son interdiction ou son boycott. Ça n'aurait pas grand intérêt, étant donnée la démographie mondiale, avec des centres de consommation qui se sont déplacés en Chine et en Inde. Mais il est important d'agir, car il est question, comme pour le soja, d'un marché « mainstream », important au niveau mondial. On pousse plutôt les filières vers la certification, pour faire en sorte qu'elles soient produites selon des standards, notamment par rapport à la déforestation. Pour cela, il est important de travailler avec des entreprises, comme nous le faisons avec Carrefour par exemple, Ferrero, Nestlé, Unilever… ou au niveau international avec des traders comme Wilmar. Nous avons en particulier un partenariat avec Bell. Toute leur production de Leerdammer vient des Pays-Bas, où la palme est à l'origine de 25 % des concentrés d'alimentation bovine. Bell s'engage à ce que tous ses agriculteurs s'approvisionnent avec de l'huile de palme certifiée, pour avoir un effet de levier dans cette filière.

« Essayons de remplacer le soja autant que faire se peut, mais soyons conscient qu'il y aura une part non-remplaçable »

Concernant le soja, quelle position défendez-vous ?
La démarche est la même que pour l'huile de palme. Nous encourageons la certification, et nous travaillons avec des industriels dans ce sens. Nous sommes aussi en lien avec le Snia et Coop de France, nous attendons de leur part des engagements sur le sujet, à l'instar de ce que font certains de leurs homologues européens, passés en soja 100% durable. C'est-à-dire un soja qui n'a pas participé à la déforestation, et cultivé suivant un cahier des charges qui concerne aussi bien les modalités d'utilisation des pesticides et fertilisants, que les droits des travailleurs. L'aspect social est en première ligne, aussi bien pour l'huile de palme que pour le soja, mais aussi pour la canne à sucre. Concernant les OGM, il est hors de question de les cultiver en France. Maintenant, là où ils sont implantés à 95 %, comme au Brésil, ce sera difficile de revenir en arrière. Il faut prendre acte, mais ça n'empêche pas d'exiger d'autres critères d'implantation.

Quid de la « protéines françaises » ? Peut-on envisager une alternative au soja en France ?
Il y a des alternatives pour nourrir nos bovins, avec le colza, le tournesol. Mais ça représente de petits volumes de débouchés : 4,5 % de la ration d'une vache laitière, simplement 2 % de la ration pour une vache allaitante. Mais pour la volaille et le porc, on n'est pas prêt de se passer du soja. Il faut 500 à 700 grammes de soja pour un kilogramme de volaille ! Et la viande blanche se trouve être le marché le plus tonique. Essayons de remplacer le soja autant que faire se peut, mais soyons conscient qu'il y aura une part non-remplaçable, qui doit être certifiée. Surtout dans des pays comme les Pays-Bas, qui n'ont pas d'alternative sur place. Cela étant dit, s'il n'y a pas d'instrument industriel pour un soja made in France, il existe un grand projet européen, DanaoSoja. Dans la vallée du Danube (Autriche, République Tchèque, Roumanie), une importante filière européenne de soja non OGM est en construction. Il y a là-bas une vraie volonté forte d'avancer…

Qu'est-ce qui bloque en France ?
Pour orienter l'alimentation protéique, la pression doit venir du consommateur. A ce niveau, tout reste à faire. Parmi le grand public, beaucoup ne savent même pas que les animaux français mangent du soja. Pour les gens, une vache ne mange que de l'herbe. Pourtant, dans certains élevages laitiers, certaines vaches n'en mangent plus du tout ! La mobilisation publique est importante, comme on l'a vu avec l'huile de palme, où il y a un élan « citoyen », motivé principalement par les enjeux nutritionnels. C'est en partie cela qui a motivé la création récente d'une Alliance française pour l'huile de palme durable, sous l'égide de l'Ania.

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