Les pratiques collaboratives de consommation, actrices de la transition écologique

28 octobre 2014 - La rédaction 

La Chaire Développement durable de SciencesPo s'est interrogée le 23 octobre sur la contribution des pratiques collaboratives dans le cadre de la transition écologique, notamment dans le domaine de l'alimentation. Cela passe par des pratiques de production et de consommation alternatives locales. La question se pose : comment généraliser ces approches séduisantes, en changeant d'échelle, pour qu'elles soient porteuses globalement d'innovation dans la société tout entière ?

Pour Yuna Chiffoleau, chargée de recherches à l'Inra de Montpellier, « le renouveau des circuits-courts répondent à trois attentes : rassurer du fait de la proximité, s'entraider entre producteurs et consommateurs, s'unir pour favoriser un développement d'une agriculture plus durable. Les circuits-courts permettent de nouveaux liens, de nouveaux échanges entre producteurs, contribuant ainsi à une écologisation des pratiques. Afin de mieux affirmer les atouts de cette approche, une Charte des circuits-courts économiques et solidaires sera proposée en janvier 2015. » Selon la chercheuse, « le monde agricole est très retard et reste sclérosée dans son modèle agricole intensif classique. »

S'adapter à la capacité d'évolution de l'agriculture
Aller vers une logique de pratiques agroécologiques, c'est aussi la volonté de Guilhem Chéron, dirigeant de La Ruche qui dit oui !, qui précise que « si l'agriculture avait la forme que veulent les consommateurs, elle n'aurait pas la forme qu'elle a actuellement. » La vente via Internet a permis d'augmenter en intensité la commercialisation et de changer d'échelle. « La plateforme accueille 1500 nouveaux membres chaque jour, 30 producteurs par jour et 3500 demandes d'ouverture de Ruches par an. Nous n'ouvrirons finalement que 350 nouvelles Ruches car le monde agricole n'est pas préparé à cette évolution. D'où la nécessité d'accélérer la transition vers un modèle agricole plus durable. Cela ne demande que 3 ans pour un agriculteur à avoir des pratiques plus vertueuses. La transition est inéluctable et il ne peut pas y avoir plusieurs modèles agricoles qui puissent co-exister. »

Des promesses à tenir
En revanche, Gérald Godreuil, directeur d'Artisans du monde, et Jean-Philippe Puig, directeur général de Sofiprotéol partagent ensemble l'avis que « la complémentarité entre les différents modèles agricoles est tout à fait possible. Il convient en revanche de gérer les conflits de voisinages éventuels entre chacune des approches. Il faut une transparence sur l'origine des produits et accorder de l'importance à l'étiquetage alimentaire. Les alternatives seront alors portées par la volonté de changement de la société. » Pour Artisans du monde, l'éducation du consommateur est fondamentale afin de comprendre pour agir. La démarche s'accompagne également d'une vision plus politique, avec des campagnes d'opinions et de plaidoyers pour influencer pouvoirs publics et acteurs économiques.

Ces différentes approches de pratiques collaboratives dans le domaine de la consommation doivent encore apporter la preuve du respect des promesses qu'elles sous-tendent. Celle de la durabilité d'une part : contribuent-elles véritablement à baisser le flux de matière et d'énergie, à diminuer les gaz à effet de serre ? Et d'autre part, la promesse de la transformation des modes de développement : sont-elles réellement les graines d'un changement radical ?

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter