Barrage de Sivens : abandon ou remise à plat ?

30 octobre 2014 - La rédaction 

Après la mort du jeune manifestant, Rémi Fraisse, dans la nuit du 25 au 26 octobre, et face aux critiques qui se multiplient, la question de la poursuite de la construction du barrage de retenue de Sivens, dans le Tarn, se pose. Selon toute vraisemblance, Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn, maître d'ouvrage du projet, va demander demain à son assemblée départementale la suspension sine die des travaux engagés depuis le mois de septembre. Sur la base du rapport d'experts remis le 27 octobre, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a annoncé pour sa part la convocation mardi 4 novembre à son ministère des « parties prenantes » au projet, à savoir « les élus, techniciens et agences de l'eau.»
Deux scénarios se dégagent aujourd'hui : ou l'abandon pur et simple du projet qui semble avoir les faveurs du ministère de l'Ecologie ou sa poursuite avec son redimensionnement tel que le préconisent les auteurs du rapport d'expertise et que privilégient le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Mais la décision de poursuivre ou non le projet incombe au conseil général du Tarn. « Une intervention ministérielle directe ordonnant l'arrêt n'aurait pas de base légale », souligne le rapport d'experts. Dans un entretien au Monde le 28 octobre, Thierry Carcenac, fait savoir qu'il n'entend pas renoncer au projet mais qu'il attend« de voir si les financements seront maintenus en l'état.»

Un dossier engagé il y a 25 ans

Le projet de construction d'une retenue d'eau sur la rivière du Tescou est dans les cartons depuis 25 ans, il est préconisé par la Compagnie d'Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG). Situé au niveau de la forêt de Sivens dans le Tarn, près du lieu-dit Testet sur la commune de Lisle-sur-Tarn, le barrage fera 304 mètres de large pour 12 mètres de hauteur et 2 kilomètres de long. Il créera ainsi une retenue d'eau de 1,5 million de m3.
Le coût du projet est évalué à un peu plus de 8 millions d'euros. Il est entièrement financé sur des fonds publics, de France et d'Europe: 4,2 millions d'euros pour l'Agence de l'Eau Adour-Garonne, 1 million d'euros chacun pour les Conseils généraux du Tarn et du Tarn-et-Garonne et enfin 2 millions via le fonds européen Feader.

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Source : Conseil général du Tarn.

Le barrage a essentiellement pour objectif de constituer une réserve d'eau pour les agriculteurs du département. Selon la déclaration d'utilité publique obtenue en 2012, 30% de l'eau seront destinés à l'augmentation du débit d'étiage (= du niveau de la rivière) du Tescou, et ce afin d'améliorer la «qualité biologique» du cours d'eau, et 70% à l'irrigation. «Depuis de nombreuses années, le Tescou rencontre des situations d'assèchement estival qui perturbent à la fois sa qualité biologique et les activités économiques présentes localement», argumente le conseil général dans un communiqué.

L'une des deux seules zones humides du département

Le problème, c'est que la forêt de Sivens à l'endroit où est prévu la retenue d'eau constitue une des deux seules «zones humides» du département du Tarn. Plus de 94 espèces protégées y sont recensées. Les promesses de compensation à hauteur de 200 000 euros, qui consistent à restaurer une parcelle de peupleraie un peu plus loin, sont jugées insuffisantes pour les écologistes. Ces derniers s'appuient également sur l'avis négatif au projet du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel en décembre 2013 et de celui du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) en septembre 2013.

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