Milan 2015 : Que peut-on attendre de l’agriculture urbaine ?

2 juin 2015 - La rédaction 
Christine Aubry, ingénieure à l'Inra, met en lumière les différents enjeux concernant l'agriculture urbaine et péri-urbaine. Du potentiel de développement des circuits courts aux controverses autour des fermes verticales, Christine Aubry tente d'apporter aux auditeurs les clés pour répondre à la question « l'agriculture urbaine peut-elle nourrir le monde ? ».

Pour cette troisième conférence des Mercredis du Pavillon France, Christine Aubry, ingénieure de recherche à l'Inra, répond aux questions d'Aline Richard afin de comprendre les enjeux qui entourent les agricultures intra et périurbaines. Celles-ci peuvent prendre la forme de champs en périphérie des villes, mais aussi occuper des interstices ou le bâti urbain. Elles sont définies comme ayant un lien fonctionnel étroit avec la ville à travers leurs produits mais aussi les services économiques, environnementaux, paysagers et pédagogiques qu'elles déploient. Si la fonction première des agricultures urbaines reste la fonction alimentaire, elles remplissent également d'autres rôles, tel lutter contre les inondations ou valoriser les déchets organiques urbains.
 
Les circuits courts comme potentiel de développement

Les agricultures périurbaines sont souvent associées aux circuits courts, des voies de commercialisation limitant au maximum les intermédiaires entre le producteur et le consommateur. En France, près d'une exploitation sur cinq pratique la vente en circuits courts et on observe une explosion de ces formes de commercialisation : marchés de producteurs, Amap, drives fermiers, boutiques à la ferme…  En revanche, des études montrent que ces exploitations ne sont pas forcément plus pérennes que les autres. En effet, si les circuits courts assurent une bonne rémunération ils sont également souvent synonymes d'une énorme charge de travail pour les exploitants. On observe également un accès inégal aux circuits courts pour les consommateurs, pour des raisons économiques ou sociales.


Entre jardins associatifs et fermes verticales
A l'intérieur des villes, l'agriculture peut prendre diverses formes. En témoigne le phénomène des jardins associatifs qui se développe en Europe et en Amérique du Nord. Si beaucoup s'inquiètent de la teneur en polluants des aliments produits en ville, une étude menée par l'AgroParisTech montre que la teneur en plomb des salades produites sur les toits du 5e arrondissement de Paris est très en dessous de la limite européenne autorisée. Selon Christine Aubry, 80 ha de toits sont potentiellement cultivables à Paris. Et jusqu'à 6 500 t d'aliments par an pourraient être produites en exploitant le bâti urbain. Loin des 90 000 tonnes d'aliments consommées chaque année par les Parisiens, l'agriculture intra-urbaine a surtout un intérêt d'ordre qualitatif et permettra de développer les productions locales. Les fermes verticales sont quant à elles au centre de nombreuses controverses. Si elles sont très productives, beaucoup se demandent si elles seront environnementalement acceptables en raison de leur forte consommation énergétique. Des progrès récents, comme le passage aux Leds ou la récupération de la chaleur urbaine pour chauffer les serres, ont toutefois permis des économies d'énergie non négligeables sur ces fermes. 

 
En conclusion, de nombreux problèmes sont encore à résoudre pour développer de manière importante les fermes urbaines, que ce soit d'un point de vue technique mais également social et économique. Il faudra également former des personnes qui, au sein des instituts techniques, des collectivités ou des chambres d'agriculture, soient à même de jouer le rôle de médiateurs entre les enjeux urbains et agricoles d'un territoire.  

Générique réalisé par Alimentation Générale

 

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