Milan 2015 : Quel futur pour notre alimentation ?

4 juin 2015 - La rédaction 
Les steaks de synthèse, les algues ou les insectes constitueront-ils l'alimentation de demain ? Pierre Feillet, directeur de recherche à l'Inra, nous apporte un éclairage sur le futur de l'alimentation dans le monde.

C'est au tour de Pierre Feillet, directeur de recherche à l'Inra et membre de l'Académie d'agriculture de France, de se livrer à l'exercice des Mercredis du Pavillon de France, en apportant des éclairages sur le futur de notre alimentation. Pierre Feillet a d'abord tenu à rappeler cinq chiffres qui résument les deux enjeux climatiques et démographiques auxquels notre système alimentaire sera confronté en 2050 : 
  • 2 milliards : l'Afrique comptera 2 milliards d'habitants avec 1,7 milliard de pauvres, la question de l'alimentation de ces populations est donc un enjeu majeur.
  • 50 % : la moitié de la population du monde sera de classe moyenne, avec une alimentation diversifiée comprenant essentiellement des fruits et légumes et de la viande.
  • 70% : c'est le taux de personnes qui vivront dans les villes, entraînant des modes de commercialisation, transport, et conservation de nourriture différents d'une relation directe consommateur/producteur.
  • 2 milliards de personnes auront plus de 60 ans, posant la question du renouvellement des populations agricoles.
  • 4° C : c'est la prévision d'élévation de température la plus pessimiste à laquelle notre agriculture devra éventuellement s'adapter. 
 
Pilules, algues ou steak de synthèse, à quoi ressemblera l'alimentation de demain ? 
Il faut noter que pour nourrir la planète, il est nécessaire aujourd'hui de produire chaque année près de 3 milliards de tonnes des principaux végétaux que sont le blé, le maïs, le riz et le soja. Les innovations proposées aujourd'hui permettront-elles d'atteindre cet objectif en répondant aux défis environnementaux et climatiques ? Concernant les pilules alimentaires, Pierre Feillet est clair, ça ne sera pas possible. Pour assurer notre alimentation, nous devrions en effet consommer 400 pilules par jour tout en consommant énormément d'eau, ce qui apparaît socialement peu acceptable. Il en est de même pour les steaks de synthèse produits à partir de cultures de cellules et d'hormones de croissance, bien trop chers et culturellement difficilement recevables. Les micro et macro-algues représentent un réel enjeu mais c'est encore un marché de niche de produits à haute valeur ajoutées, non accessible à tous. Concernant les insectes, si l'on veut retrouver la même teneur en protéines que dans 100g de poulet, nous devrions manger trente à quarante chenilles, ce qui semble également impossible. Des études sont en cours sur les possibilités de transformer les insectes en farines protéinés pour l'alimentation animale. Si certains avancent l'argument que nous mangerons moins de viandes dans le futur, les études économiques s'accordent à dire que l'on continuera à en manger plus à travers la planète, les protéines végétales ne pourront pas non constituer une solution qui répondra aux besoins de tous.

Deux modèles d'agriculture en confrontation

Pour M. Feillet, deux modèles agricoles sont aujourd'hui en confrontation : l'agriculture intensive, qui produit beaucoup mais nuit aux équilibres des écosystèmes, et l'agriculture biologique, respectueuse de l'environnement mais qui ne produit pas assez pour nourrir la planète. Ainsi, les agronomes travaillent aujourd'hui à développer ce qu'il nomme l' « agriculture durablement productive » en cherchant par exemple à améliorer l'efficacité de la photosynthèse ou en jouant sur les associations entre les racines des céréales et les micro-organismes du sol, afin de limiter l'utilisation de produits de synthèse sur les cultures céréalières. En conclusion, pour Pierre Feillet, « Nous continuerons à manger de la même manière mais la façon de produire ce que l'on va manger aura considérablement changé ». Selon lui, la technologie va également faire évoluer nos sociétés vers des modes de consommation différents, avec certainement une disparition du modèle des grandes surfaces telles que nous les connaissons aujourd'hui. 

Générique réalisé par Alimentation Générale

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