Une quarantaine de députés et sénateurs de tous bords politiques ont uni leurs voix contre les néonicotinoïdes. Leur ambition : convaincre, à travers un courrier cosigné, leurs homologues des deux assemblées de voter pour une interdiction de cette famille de pesticides à partir du 1er janvier 2016. Un amendement allant dans ce sens a été adopté le 19 mars lors de la première lecture du projet de loi sur la biodiversité à l'Assemblée nationale.
Ses dépositaires, Delphine Batho et Gérard Bapt (députés PS), souhaitent que cette interdiction soit maintenue tout au long du parcours législatif, et ce, malgré l'opposition du Gouvernement. Ségolène Royal, qui s'investit dans plusieurs démarches à l'encontre de ces insecticides, ne souhaitant pas situer cette action dans la loi sur la biodiversité mais au niveau communautaire.
Les députés Delphine Batho, Gérard Bapt et Jean-Paul Chanteguet ont organisé, le 24 juin 2015 à l'Assemblée nationale, un forum « Pour l'interdiction des néonicotinoïdes ».
|
Un forum à charge
Les deux députés ont organisé un forum dédié le 24 juin 2015 à l'Assemblée nationale, avec l'aide de Jean-Paul Chanteguet, président de la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale. Ce forum a réuni de multiples intervenants, représentants d'apiculteurs et d'associations environnementales, scientifiques, médecins… partisans de cette interdiction.
Les intervenants ont déploré le manque d'indépendance des experts chargés de l'évaluation des molécules et des produits, qui ne prendraient pas en compte, selon eux, l'ensemble des études scientifiques qui prouvent la neurotoxicité de ces molécules, même à faible dose. Elle impacte non seulement les abeilles mais également les oiseaux, les invertébrés, les poissons et la chaîne alimentaire humaine. Ces spécialités, de part leur persistance, contaminent les sols et les eaux de surface et souterraines.
« Stigmatisation », selon les industriels
L'Union des industriels de la protection des plantes (UIPP) a aussitôt réagi, évoquant dans un communiqué daté du 25 juin une démarche « injustifiée et stigmatisante ». L'UIPP précise qu'il « n'appartient pas à la France d'interdire cette famille de substances de façon unilatérale sur son territoire », et que « cela ne ferait que créer de nouvelles distorsions de concurrence au détriment des productions nationales et mènerait à des impasses techniques ».
Et de rappeler que, comme pour toutes les spécialités phytosanitaires, « l'autorisation de mise sur le marché des néonicotinoïdes n'est accordée par les autorités que si le produit évalué ne présente pas de risque pour la santé et l'environnement, dans les conditions d'utilisation recommandées ».