Milan 2015 : Manger bio, quels bénéfices?

2 juillet 2015 - La rédaction 
Le bio est-il vraiment meilleur pour la santé ? Apporte-t-il une réelle réponse aux enjeux environnementaux ? Depuis Milan, Bernard Le Buanec nous invite à réfléchir à ces questions du point de vue de la science.

Pour beaucoup, les aliments bio sont meilleurs pour la santé, mais cela correspond-il à la réalité ? A l'occasion des mercredis du Pavillon France, Bernard Le Buanec, agronome et membre de l'Académie d'agriculture de France, présente les principaux débats autour de cette question.

L'importance des circuits de distribution 

Le bio se consomme souvent dans l'esprit des marchés de proximité. Dans ce cas, les produits sont récoltés à maturité, ils ont meilleur goût et sont globalement plus agréables. Mais, pour Bernard Le Buanec, « cela n'est pas une caractéristique liée au bio, on retrouvera exactement les mêmes avantages dans des circuits de proximité en agriculture conventionnelle ». La date de récolte, la conservation et le transport influencent énormément sur la qualité et le goût des produits. Les fruits et légumes d'importation que l'on retrouve en grandes surfaces perdent beaucoup de leur qualité, qu'ils soient bio ou non.

Pas d'effet global sur la santé humaine 
Concernant l'aspect santé, il a été prouvé que les plantes non traitées concentrent beaucoup d'antioxydants. Toutefois, les essais cliniques ne montrent pas d'effet positif net sur la santé. Certaines études avancent également que les aliments bios ne seraient pas plus nourrissants que d'autres. Les céréales bios contiendraient même moins de protéines dues à l'absence d'apport d'azote minéral durant le cycle cultural. Globalement, pour la science, le bio n'améliorerait pas nettement la qualité des aliments. L'Anses, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire et de l'alimentation, a même publié en 2003 une synthèse de plusieurs études démontrant que quelques repas d'aliments bio n'apportent aucun effet positif sur la santé.


 
Des pesticides autorisés aux effets peu connus 
L'agriculture bio a un cahier des charges contraignant et précis interdisant aux agriculteurs l'utilisation d'engrais et de pesticides de synthèse. « Mais il ne faut pas dire pourtant que l'agriculture bio n'utilise pas des pesticides », martèle Bernard Le Buanec. En effet, deux catégories de pesticides d'origine naturelle sont autorisées en bio. Il y a les pesticides d'origine organique, comme l'huile de neem, très vite dégradés dans le milieu sans aucun danger pour le consommateur. Toutefois, l'huile de neem est considérée comme un perturbateur endocrinien, pouvant être dangereux pour les agriculteurs utilisant ce produit. D'autres pesticides autorisés en bio sont d'origine minéral. Ils se dégradent moins facilement et on peut en retrouver des résidus sur les aliments. Ces derniers, comme l'argile, le cuivre ou le souffre, peuvent potentiellement s'avérer dangereux pour le consommateur.

Un réel atout environnemental ? 

Sur un plan environnemental, l'agriculture bio a un effet positif au niveau de la parcelle avec une amélioration de la biodiversité et une moindre pollution des eaux en grandes cultures. Toutefois, sachant que les rendements en céréales bios n'atteignent que 50 % de ceux de l'agriculture conventionnelle, il faudrait doubler les surfaces cultivées si l'on voulait convertir toute la production. « Cela aurait-il un effet positif pour la biodiversité au niveau global ? » questionne Bernard Le Buanec, « rien n'est moins sûr… ». D'un autre côté, concernant les émissions de gaz à effet de serre, des études ont montré qu'un élevage porcin conventionnel correctement mené produit moins de GES qu'un élevage bio.

Le bio, un laboratoire d'idées pour une agriculture alternative

Pour Bernard Le Buanec, « si l'orientation vers le bio est intéressante, l'interdiction systématique de produits de synthèse est un facteur limitant ». Selon le chercheur, il devient évident de trouver des pistes pour une agriculture qui consommerait moins d'engrais et de pesticides. « Le bio est une alternative extrême dans cette direction et constitue en cela un laboratoire tout à fait intéressant pour tester des techniques durables et moins consommatrices d'intrants » conclut le chercheur. Même si au vu de différentes études, le passage vers le tout bio ne semble pas réalisable, d'autant qu'aucun effet positif net sur la santé humaine n'ait été démontré.

Générique réalisé par Alimentation Générale.

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