Milan 2015 : Y a-t-il des bons et des mauvais aliments ?

7 juillet 2015 - La rédaction 
Face aux nombreuses allégations santé présentées sur les produits alimentaires, les consommateurs sont souvent perdus dans leur recherche d'un régime alimentaire sain et équilibré. Y a-t-il véritablement de bons et de mauvais aliments ? Depuis Milan, Jean-Michel Lecerf nous éclaire sur ces questions et propose des outils pour assurer une bonne santé publique via l'alimentation.

Pour Jean Michel Lecerf, chercheur à l'Institut Pasteur de Lille, « manger doit d'abord faire du bien. » Le plaisir est au service de l'alimentation, il nous pousse à manger, et nous incite d'ailleurs à manger varié. Pour ce débat des Mercredis du Pavillon France, le chercheur met en avant les bénéfices de replacer le plaisir au cœur de l'alimentation et de ne pas culpabiliser les consommateurs avec des codes couleurs ou des taxes qui stigmatiseraient les  « mauvais » produits.  
 
La science face aux tapages médiatiques
Certains aliments ont mauvaise presse, comme le lait qu'on accuse souvent de ne pas être adapté à l'alimentation humaine. Si 2 à 3% des enfants sont effectivement allergiques au lait de vache, cette proportion diminue fortement chez les adultes. En dehors de ce trait génétique rare, les méfaits du lait sur la santé n'ont jamais été démontrés. En revanche, ses bienfaits l'ont été à maintes reprises par des études scientifiques. Une faible consommation de produits laitiers augmente de 30% les risques de diabète et de 25% les risques de cancer du colon. 
 
Effet nocebo
« Si certaines personnes, qui ne sont pas « génétiquement » intolérantes au lactose, disent se sentir mieux après avoir arrêté leur consommation de lait, pour moi c'est un effet nocebo », indique Jean-Michel Lecerf. L'adjectif nocebo s'utilise pour des substances qui semblent nuisibles à leurs utilisateurs même si elles sont objectivement inoffensives. Si un consommateur entend constamment des injonctions du type « arrête de boire du lait, c'est mauvais pour la santé », il se sentira mieux lorsqu'il n'en consommera plus par effet nocebo. 
 

#12. Y a-t-il des « bons » et des « mauvais » aliments ? from Alimentation Générale on Vimeo.

Taxer les « mauvais » aliments ?
Il a parfois été question de taxer les produits mauvais pour la santé, comme les produits trop gras ou trop sucrés. Pour le chercheur, cela n'est pas réalisable. Il paraît en effet difficile de définir un seuil de graisse ou de sucre au delà duquel les produits doivent être taxés. Les huiles ou le beurre qui contiennent 80 à 90% de lipides devraient être fortement taxés alors que ce sont des produits de consommation courants. 
 
Une code couleur pour informer les consommateurs ?
Un projet de loi présenté fin 2014 prévoyait de mettre en place un étiquetage nutritionnel sur les produits, repérant par un code couleur les aliments sains de ceux moins bons pour la santé. Pour Jean-Michel Lecerf, « les codes couleurs sont une vision archaïque de l'alimentation. » Avec un tel étiquetage, certains aliments seraient stigmatisés et cela risquerait de réduire la diversité et la variété qui caractérisent notre système alimentaire. D'un autre côté, culpabiliser les industriels sur leurs produits pourrait les décourager s'ils sont dans une démarche d'amélioration. 
 
 Redéfinir le rôle de l'Etat
Pour Jean-Michel Lecerf, « l'Etat ne doit pas se mêler des régimes alimentaires de chacun, un régime carnivore peut être tout aussi équilibré qu'un régime végétarien. » Le message que doivent véhiculer les politiques publiques doit être celui de la diversité. L'Etat doit s'occuper d'aménager le territoire pour privilégier les espaces dédiés à l'activité physique. Son rôle est également d'assurer la sûreté et la salubrité des aliments. Enfin, en luttant contre le chômage, l'Etat participe également à une amélioration de la santé publique. La pauvreté, tant financière que culturelle, étant la principale cause de mauvais régimes alimentaires. 
 
Au global, pour Jean-Michel Lecerf, le message est clair. Il ne faut pas culpabiliser le consommateur avec une surcharge d'allégations santé, le message le plus important à véhiculer étant celui du plaisir de l'alimentation et de la diversité. Un régime alimentaire doit contenir des graisses et des sucres, qui sont le carburant du corps humain. Il faut surtout veiller à que ce régime alimentaire soit diversifié.

Générique réalisé par Alimentation Générale

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