Lors de cette table ronde sur l'alimentation et le climat, posant les questions « quels enjeux ? quelles solutions ? », Jérôme Bédier, directeur général délégué de Carrefour a donné le tempo : « Évitons la foire d'empoigne et la stigmatisation de certains secteurs. » S'appuyant sur l'exemple la viande bovine : « Nous ne devons pas dire : arrêtez de manger de la viande de bœuf, ou devenez végétarien ou végan mais trouvons des solutions acceptables en concertation. » Prendre les problématiques en amont, les discuter et avancer est aussi la ligne de conduite que soutient Arnaud Gauffier du WWF : « Dans la cas de l'élevage bovin en France, nous travaillons avec les FNCivam afin de maximiser l'efficience énergétique de ces structures en remettant les animaux à l'herbe. L'équilibre entre émission et stockage par les prairies est trouvé. »
Parmi les intervenants de la table ronde “agriculture et climat” organisée à Paris, le 8 octobre par Avril et Carrefour dans le cadre de Solutions 21, gauche à droite : Arnaud Gauffier du WWF, Jérôme Bédier pour Carrefour, Thipaine Leménager de l’AFD, Michel Boucly pour Avril, Arab Hoballah du PNUE, et François Pasteau de Bon pour le Climat.
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Gagner en efficience pour produire
Du côté des filières végétales, les émissions de gaz à effet de serre se retrouvent principalement avec la fabrication des engrais et la consommation de carburant. Des démarches se multiplient pour apporter plus d'efficience sur ces différents postes. Le levier pour qu'elles montent en puissance : montrer qu'elles ne coûtent pas et surtout qu'elles rapportent. Michel Boucly, directeur adjoint du groupe Avril, table sur l'innovation et la mobilisation des filières pour améliorer le bilan GES.
Il cite l'exemple du colza. Cette culture est à la fois source de protéines pour les animaux, elle est utilisée en alimentation humaine avec son huile et est destinée à la fabrication des biocarburants. « Avec la démarche 20 grammes dans la filière colza diester, nous visons une réduction de 30% des émissions de GES afin de ramener les émissions de CO2 à 20 grammes équivalent CO2 par MJ, explique-t-il. Ce travail réalisé avec des coopératives et négociants, nous permet de passer en fertilisation de 185 unités d'azote à l'hectare à 165. »
Plus de protéines végétales françaises
La substitution des protéines végétales importées, comme le soja, est aussi engagée en France. Objectif, au-delà de l'impact climatique : cultiver d'avantage de protéagineux et réduire la dépendance vis-à-vis du Brésil à ce niveau. Carrefour a annoncé que ses Filières Qualité vont, dès 2016, progressivement remplacer le soja importé par des protéines européennes et françaises en favorisant les circuits les plus proches.
Michel Boucly souligne que le progrès génétique a permis d'adapter les variétés de soja aux conditions françaises : « En deux ans, le soja en France est passé d'une stagnation en dessous de 30 000 ha à près de 100 000 ha. » Il prévoit une montée en puissance des surfaces de 200 000 ha à 300 000 ha si les débouchés sont au rendez-vous. Des pistes sont envisagées pour introduire du soja dans les assolements de maïs.