Eau et pesticides : distinguer seuil d’alerte et risque sanitaire

27 janvier 2017 - La rédaction 
Une enquête menée par UFC-Que Choisir et publiée le 26 janvier 2017, relance le débat sur la dangerosité de la teneur en pesticides dans l'eau du robinet en France. De quoi hésiter à y remplir son verre ? Un toxicologue répond.

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La dernière enquête menée par UFC-Que Choisir, publiée le 26 janvier 2017, relance le débat sur la dangerosité de la teneur en pesticides dans l'eau du robinet en France. Selon cette enquête, les pesticides, détectés dans 5 % des réseaux de distribution, constitueraient la première cause de non-conformité de l'eau distribuée à près de 2 millions de consommateurs. Doit-on dès lors s'inquiéter ? Non, répond le toxicologue Jean-François Narbonne.

Non conforme ne veut pas forcément dire dangereux pour la santé
« La valeur réglementaire de 0,1 µg/l fixée uniformément pour tous les pesticides a été établie dans un objectif de qualité en considérant que les pesticides n'étaient pas des constituants naturels des eaux, et qu'en conséquence on ne devait pas les y retrouver, explique le spécialiste. Cette valeur correspond au seuil moyen de détection des méthodes d'analyses disponibles au début des années 1970 pour les pesticides recherchés à l'époque. Mais contrairement aux normes existantes pour le plomb ou le mercure par exemple, elle n'est pas fondée sur une approche toxicologique et n'a donc pas de signification sanitaire. Une eau qui présente, pour un pesticide, une valeur supérieure à 0,1 µ g/l, est donc considérée comme non-conforme, mais ne présente pas forcément de risque pour la santé. »

Pas de valeur toxicologique mais d'alerte
Ce qui explique les derniers résultats publiés par le ministère chargé de la Santé. En 2014, 1 192 unités de distribution sur 20 851 ont présenté une eau au moins une fois non-conforme. Mais dans 99,9 % des cas, cela n'a pas conduit à une restriction de l'utilisation de l'eau pour les usages alimentaires, car les limites de qualité sanitaire n'étaient pas dépassées. Au final, seules 12 unités de distribution, soit environ 3 000 personnes (0,005 % de la population française), ont été concernées par des restrictions d'usages, et encore, par principe de précaution.

« Cette norme de qualité de 0,1 µg/l constitue une sorte d'alerte, reprend Jean-François Narbonne. Si un pesticide la dépasse, on l'étudie de plus près. La valeur analysée est alors comparée à la valeur sanitaire maximale (Vmax) établie pour le pesticide en question. Cette Vmax correspond, pour l'eau, à la valeur toxicologique à ne pas dépasser, comme l'est une LMR (Limite maximale de résidus) pour les aliments. Pour exemple, la Vmax de l'atrazine, pesticide retrouvé dans l'eau malgré l'arrêt de son utilisation depuis 2003, est de 60 µg/l… soit 600 fois la norme de qualité de 0,1 µg/l. A noter enfin que le calcul des Vmax prend également d'importantes marges de sécurité afin de garantir la santé du consommateur. »

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