Le développement en France de l'agriculture biologique ne peut faire que consensus auprès de tous les candidats à l'élection présidentielle. Invitée par la Commission bio de Coop de France, la fédération nationale de l'agriculture biologique et le Synabio*, le 8 février 2017, la filière bio a présenté aux candidats et candidates son Pacte bio, qui a recueilli plus de 700 signatures d'élus locaux et parlementaires de tous bords. Laurent Levard pour Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Philippe Martin pour Benoit Hamon, Corinne Lepage pour Emmanuel Macron, Guy Vasseur pour François Fillon et Philippe Murer pour Marine Le Pen se sont prêtés à l'exercice du jeu des questions réponses.
Une question de moyens
Au-delà de la place de premier pays européen producteur de bio, soutenue par tous, ils ont surtout été interpellés sur les moyens pour porter cette ambition. D'un bord à l'autre de l'hémicycle, la nuance se trouve dans la réorientation des moyens de développement et des politiques vers les pratiques agricoles écologiques et en particulier l'agriculture biologique.
La bio, une priorité pour la réforme de notre agriculture et notre alimentation ?
Toutes les personnalités politiques, à l'exception de Guy Vasseur (François Fillon), ont fait le constat des impasses économiques, sociales et environnementales de l'agriculture conventionnelle, et donc du rôle moteur de l'agriculture biologique dans la transition du modèle agro-alimentaire.
Guy Vasseur ne veut pas d'opposition entre l'agriculture conventionnelle et le bio : « Je pense qu'il faut faire feu de tout bois : à la fois retrouver du développement au niveau européen, et dégager du revenu au niveau de chacun des agriculteurs, qu'ils soient bio ou conventionnels. »
Comment et jusqu'où accompagner le changement d'échelle de la bio ?
Les réponses se retrouvent du côté des politiques agricoles pour les candidats et candidates. En priorisant les aides de la politique agricole commune (Pac) vers la bio et en rémunérant les services environnementaux, mais avec des niveaux différents. Laurent Levard (Jean-Luc Mélanchon) veut une loi spécifique pour soutenir une conversion progressive de l'ensemble des agriculteurs aux principes de l'agriculture écologique et biologique.
Corinne Lepage (Emmanuel Macron) avance un plan pour les services environnementaux de 220 millions d'euros, destinés à rémunérer les pratiques vertueuses. Le programme de Benoit Hamon plaide pour un verdissement de la PAC à 2020, avec une priorité pour aider les jeunes.
La commande public, un levier bien identifié
Yannick Jadot demande l'allocation de la moitié des fonds de la PAC sur les conversions. Le programme de Marine Le Pen propose de renationaliser la Pac. Son représentant Philippe Murer l'affirme : « Il faut des aides suffisantes pour la conversion en bio (…) et donc pas de plafonnement du budget de l'État pour les aides à la conversion. »
Le recours à la commande publique dans le cadre de la restauration collective publique est un levier bien identifié. Pour Guy Vasseur (François Fillon) : « Sur la démarche territoriale et la ruralité, nous estimons que la ruralité est une chance pour notre pays. (…) Qu'on soit dans l'UE ou pas, pour moi la question ne se pose pas, les élus locaux, quelle que soit leur sensibilité, et évidemment les républicains, sont investis dans la démarche des Projets alimentaires territoriaux. Je souhaite que cette démarche puisse vivre pleinement, parce que c'est à la fois l'agriculture, le bio, le territoire, et c'est forcément la richesse de notre pays. »
Des inquiétudes ?
Globalement, le développement de la bio apparait menacé par le risque de banalisation à la fois économique (prix en baisse, surproduction) et réglementaire (normes européennes en baisse). La confusion apparait avec l'idée que le règlement français serait supérieur à la norme européenne, même si c'est celle-ci qui s'impose en France.