Élevage et durabilité : gare aux messages réducteurs !

16 mars 2017 - La rédaction 
Quelles seraient les conséquences agricoles, environnementales et sociétales d'un arrêt ou d'une forte réduction de la consommation de viande ? L'Institut national de la recherche agronomique a communiqué sur le sujet, le 9 mars : une manière de mettre en garde contre certains messages répandus, mais simplistes.

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Bertrand Schmitt, directeur de recherche en économie, Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint à l'Inra.

Pour en finir avec les messages parfois réducteurs sur l'impact environnemental des filières d'élevage et de la consommation de viande, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) a réuni trois chercheurs, le 9 mars, pour expliquer devant la presse que « non, on ne peut avoir de réponses tranchées à ces questions. » Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint de l'institut, retient deux messages forts : « Il n'existe pas d'agriculture durable sans élevage, mais il existe des problèmes à solutionner. » 

 
Le régime végan nécessite plus de surface agricole
Sans élevage, les paysages se  fermeront, comme c'est le cas dans les Vosges, où les prairies ont laissé la place aux forêts dans les zones non cultivables. L'utilité des effluents pour la fertilisation azotée organique sera perdue, tout comme la biodiversité associée aux prairies. « Un régime végan consomme plus de surface agricole, complète Jean-François Hocquette, directeur de recherche. Dédier plus de parcelles à la culture n'est pas envisageable partout. » 
 
Sans oublier que ce sont les ruminants qui valorisent le mieux les co-produits de certaines cultures, comme les drèches, tourteaux… Seuls 60 % des composants du blé entrent dans la chaîne alimentaire humaine. Si certains envisagent une ouverture vers la bioéconomie pour les 40 % restant, «  l'alimentation reste prioritaire », rappelle Jean-Louis Peyraud. Enfin, la filière élevage représente 45 % de la production agricole en Europe et 4 millions d'emplois. 
 
Des progrès à faire sur l'autonomie, bien-être animal et maladie
Ce qui n'empêche pas que des efforts sont à réaliser dans les élevages. Notamment du côté de l'autonomie alimentaire, du bien-être animal, des risques de résistances aux maladies infectieuses. Des systèmes mixant plus de cultures et d'élevage valoriseraient mieux les fumiers. 
 
Bertrand Schmitt, directeur de recherche en économie, rappelle que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande le maintien de la part des surfaces cultivées et des prairies dans les pays industrialisés. L'alimentation durable se définit, dans ces régions, par 15 % de calories en moins, une augmentation de la part des protéines végétale et un recul de celles d'origine animale pour atteindre une part égale. Et l'avenir n'est pas encore dans le steak créé avec de la viande artificielle. Trop coûteux, énergivore, consommateur d'eau et à des années lumières de la culture culinaire française, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

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