Édouard Philippe entre dans la danse. Dans un communiqué du 25 septembre, le Premier ministre vient enrichir le débat sur le glyphosate. Depuis un mois, et alors que se profile un vote au niveau européen pour renouveler ou non l’autorisation de la molécule herbicide, les prises de parole au sein du gouvernement se multiplient (voir encadré ci-dessous).
Arrêter le glyphosate en tenant compte des alternatives disponibles
Le chef du gouvernement explique avoir demandé aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique de lui présenter, « avant la fin de l’année et en fonction des conclusions des états généraux de l’alimentation », les conditions d’un plan de sortie du glyphosate. Ce plan doit « tenir compte l’état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs. » Il alimentera la réflexion du Gouvernement, qui arrêtera alors sa position définitive.
Cette prise de parole confirme l’idée d’un vote « contre » la proposition de la Commission européenne, qui entend renouveler l’autorisation de la molécule pour dix ans. Le Premier ministre nuance toutefois la posture d’une interdiction « totale et brutale », comme l’appréhendent certaines structures professionnelles agricoles.
Un mois de déclarations
- Le 29 août, Nicolas Hulot annonce que la France s’opposera à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans l’approbation du glyphosate. Raison invoquée : les incertitudes qui demeurent sur la dangerosité de la molécule.
- Stéphane Travert (7 septembre) : « Nous avons besoin de gérer les choses dans le temps. Des moyens doivent être dégagés pour que la recherche, l’innovation, puissent trouver des produits de substitution. La trajectoire doit être acceptable pour que les agriculteurs puissent continuer à travailler. »
- Stéphane Travert (22 septembre) : « La France est contre le fait de prolonger l’autorisation du glyphosate pour dix ans. Elle souhaite un délai plus court, tout en étant pragmatique, un délai de l’ordre de 5 à 7 ans, de manière à accompagner le changement dans nos pratiques agricoles. »
- Nicolas Hulot (23 septembre), à des agriculteurs venus manifester à Paris : « Je suis conscient de la difficulté dans laquelle vous êtes. Mais si on ré-autorise pour dix ans, on sait bien que dans dix ans rien n’aura changé. Si par contre, on se met d’accord pour dire que d’ici dix ans on trouve une alternative, c’est déjà un autre modus vivendi. »
- Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement (25 septembre) : « Le Premier ministre a arbitré, et ce sera communiqué dans les heures qui viennent, il a arbitré pour faire en sorte que ce produit soit interdit en France, ainsi que tous ceux qui lui ressemblent et qui menacent la santé des Français, d’ici la fin du quinquennat. » Puis, nuançant ses propos : « L’objectif est qu’on puisse trouver des produits de substitution d’ici la fin du quinquennat. »