« Mon mari a repris la ferme familiale en 1993 et je l’ai rejoint en 1997 », raconte Pascale Croc, agricultrice en Charente-Maritime. « Les premières années, nous avons conservé les mêmes productions : blé, tournesol et vigne. Puis à partir de 1997, nous avons commencé à nous intéresser aux circuits courts et en 2000 nous avons développé le nombre de cultures en allongeant notre assolement. »
Les surfaces « circuits courts » doublées en deux ans
Ainsi, aujourd’hui, sur les 120 ha de la ferme, restent 27 ha de vigne. Sur les 93 autres hectares, le couple produit du blé tendre, du maïs ou du tournesol vendus à la coopérative Corab, de la luzerne pour des éleveurs, mais aussi des cultures destinées aux circuits-courts : légumineuses (lentilles vertes, pois cassés, pois chiches) et graines à huiles (tournesol, colza, chanvre, caméline, lin). Les surfaces concernées par les circuits courts ont presque doublé en 2 ans pour atteindre 30 ha en 2018. Les graines à huile sont valorisées en groupe sous la marque collective Les Paysans Mouliniers des Estuaires Charentais. « Quant à nos vignes, 98 % de la production partent à la coopérative Unicoop pour la fabrication de Pineau des Charentes et de Cognac, et le reste est transformé en jus de raisin pétillant et tranquille. Nos productions destinées aux circuits-courts – jus de fruits, légumes secs, huiles vierges – sont vendues soit directement à la ferme, soit dans différents magasins collectifs . »
La force du groupe
Cette évolution progressive des productions de la ferme a été motivée par la volonté de développer une agriculture respectueuse, solidaire et proche des consommateurs. Ainsi, la vigne a commencé sa conversion en agriculture biologique en 2012 et les terres ont suivi en 2016. « Tout s’est fait progressivement, grâce essentiellement aux travaux et échanges de groupe, souligne Pascale Croc. « Que ce soit avec le groupe Vigilance de la coopérative avec laquelle nous travaillions précédemment pour revoir notre approche phytosanitaire, ou avec l’association d’agriculteurs ISOnis pour travailler sur la norme ISO 14001, ou encore avec le groupe agriculture durable du Cercle d’échanges, c’est collectivement que nous trouvons les idées et solutions pour progresser. »
Et ce n’est pas fini. Après avoir réalisé le diagnostic viticulture durable de la filière Cognac, le couple a en tête d’aller vers la certification HVE, haute valeur environnementale. « Cela ne vise pas un objectif commercial, le label AB suffisant amplement pour cela. Mais la HVE nous permet d’avoir une cohérence plus globale, de faire un état des lieux complet et d’avoir une assurance sur le respect de la réglementation. Ce n’est pas parce que l’on est en bio qu’il faut se mettre en marge. »
Même en bio, des marges de progrès
C’est pour cette raison qu’ils poursuivent leur engagement avec la Chambre d’agriculture en tant que ferme Dephy, dans le cadre du plan Écophyto. « Même si nos IFT, indices de fréquence de traitement, sont bas, nous savons que nous avons des marges de progrès pour diminuer notre utilisation de cuivre et de soufre. C’est pour cela que nous étudions avec intérêt des techniques de la biodynamie et notamment l’utilisation de préparation de plantes. Comme le cheminement que nous avons suivi jusqu’à maintenant, nous allons continuer à tester et franchir progressivement des marches de progrès. »
Cette approche agro-écologique, ainsi que la rénovation de leurs bâtiments, boutique et lieux d’accueil de groupes, en écoconstruction avec des agro-matériaux (bois et chanvre notamment) ont permis à la Ferme de l’Orée de se voir décerné le premier prix 2015 du développement durable en Pays de Cognac.
Pour aller plus loin : http://www.lafermedeloree.fr/
Damien Raison