Les plans de filières et les conclusions issues des 14 ateliers des États généraux de l’alimentation, qui se sont terminés le 21 décembre 2017, enrichissent la feuille de route de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) pour redonner toute sa valeur au maillon production agricole. Lors des vœux à la presse le 9 janvier, Christiane Lambert, présidente du syndicat majoritaire agricole, a salué la volonté politique de sortir d’une guerre des prix. Pour changer de paradigme du côté des acheteurs, une loi sera présentée le 31 janvier en conseil des ministres. Elle prévoit une élévation du seuil de revente à perte, l’encadrement des promotions, une contractualisation renforcée avec la prise en compte des coûts de production.
Pesticides : encadrer plutôt qu’interdire
Quant aux projets de la FNSEA, ils se positionnent sur tous les fronts et pour tous les marchés. Les ambitions portent sur la montée en gamme des produits conventionnels, le développement du bio, des circuits courts, l’utilisation des outils en préparation pour reconstruire les prix de vente à la production, la promotion du savoir-faire à la française, l’éducation alimentaire, la lutte contre le gaspillage… Le changement concerne aussi les pratiques agricoles, avec les « contrats de solutions » pour la protection des cultures signés mi-novembre par une trentaine d’organisation agricole. Un engagement vers des pratiques plus durables.
« Les agriculteurs sont déjà à l’œuvre avec la montée en puissance du biocontrôle, la formation, les rotations… Le zéro phyto sous serre, c’est possible, mais en plein champ, c’est difficile. Nous ne sommes pas des accrocs aux pesticides et nous sommes en attentes de solutions techniques. Nous demandons du temps. » Christiane Lambert a d’ailleurs souligné la prise de position du Premier ministre, Édouard Philippe, qui soutient le pragmatisme. « La limitation et l’encadrement plutôt que l’élimination. »
Viser une agriculture décomplexée et high tech
L’évolution des pratiques se construit aussi « en osant une agriculture décomplexée », a relevé la présidente de la FNSEA. Une agriculture high tech. Une charte d’utilisation des données va d’ailleurs être proposée afin de préserver l’autonomie. Les réflexions sur la mutation du monde agricole sont discutées dans un « Lab » agriculture et société lancé fin 2017. Il réunit des sociologues, philosophes, experts en Responsabilité sociale et environnementale (RSE), et autres représentants de la société. Pour Christiane Lambert, si 59 % des français sont optimistes, les agriculteurs veulent aussi croire en l’avenir et se positionnent comme « des pourvoyeurs de solutions, que ce soit pour l’alimentation, le climat, l’énergie et l’économie du pays. »
Bon à savoir
Le secteur agro-alimentaire en France, c'est quatre fois le poids de l'aéronautique dans la balance commerciale, et 14 % des emplois sur les territoires.