Le projet de réforme de la Pac de la Commission envisage un rôle accru des États en termes de contrôle environnemental. Que pensez-vous de cette formule ?
Je vois, dans le projet de la Commission, une renationalisation des politiques agricoles. La partie « politique commune » va complètement disparaître, ce qui va entraîner de manière très claire une concurrence entre les États. Et c’est le moins disant environnemental qui va l’emporter dans cette bataille économique. Je crois que c’est quelque chose de tout à fait dangereux.
La Commission ne pourra-t-elle pas mettre en place des garde-fous pour éviter cette situation ?
Avant, il y avait une obligation globale à travers la Pac, une manière d’inscrire la question environnementale dans les soutiens aux agriculteurs. C’était le choix de Dacian Cioloș, le commissaire précédent. Mais beaucoup d’éléments positifs ont été barrés par les États et les conservateurs du Parlement européen : la réforme n’a pas été là où elle aurait pu aller.
La proposition actuelle réduit encore, petit-à-petit, les contraintes. Et les États n’oseront pas s’opposer aux agriculteurs. On le voit en France sur les décisions liées au glyphosate. Je suis très, très sceptique. Plus que sceptique même, je pense qu’on est en train d’enterrer la partie.
Le Parlement européen, dans son ensemble, est-il favorable à la proposition de la Commission européenne ?
Je pense que non, mais il faudra être attentif à ce qui va se passer. Personnellement, je prône de ne pas entrer dans une négociation sur la proposition actuelle, et la refuser en bloc.
Que pensez-vous du calendrier proposé ?
Il est complètement scandaleux qu’on essaie d’imposer un calendrier de réforme de la Pac avant le mois de mars 2019, et les élections européennes. On veut imposer une réforme de la Pac avant ces élections. Dans ce cas, la question de l’agriculture ne serait plus un enjeu du scrutin, puisque tout sera décidé pour sept ans. Ce qui est plus long que le mandat des prochains députés ! L’agriculture et l’alimentation sont des enjeux pour les citoyens de l’Union européenne, on le voit dans tous les sondages d’opinion. Si on l’enlève des prochains débats électoraux, on vide encore un peu plus l’Europe de sa substance.
Il faut limiter , voir supprimer, le pouvoir des lobbyistes qui sont le cancer des institutions publiques et européennes .
Ce sont eux le principal frein aux réformes pour réparer et sauver la planete.
Sans cette couche de parasites , les sociétés seraient obligées de suivre les lois et l’avis des peuples.
Il faut limiter , voir supprimer, le pouvoir des lobbyistes qui sont le cancer des institutions publiques et européennes .
Ce sont eux le principal frein aux réformes pour réparer et sauver la planete.
Sans cette couche de parasites , les sociétés seraient obligées de suivre les lois et l’avis des peuples.