Contenir le réchauffement climatique sous la barre des +2 °C, et si possible sous celle de +1,5 °C, d’ici à la fin du siècle : c’est l’objectif fixé par l’Accord de Paris, à l’issue de la COP 21. « Il n’y a pas de réponse simple à la faisabilité de cette limitation du réchauffement à 1,5 °C, mais nous en listons les conditions nécessaires », souligne Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et co-présidente du groupe 1 (« éléments scientifiques ») du Giec, lors d’un point presse organisé le 10 septembre. Le rapport spécial de l’organisme doit être publié le 8 octobre prochain, à l’issue de la session plénière présentant le texte aux délégations gouvernementales.
L’agriculture et les terres, leviers d’action prioritaires
Le rapport mentionne notamment le monde agricole : la gestion des terres et l’agriculture sont en tête de liste des domaines identifiés pour agir sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les angles d’action et de réflexion du texte ont ainsi été pensés en termes de « synergie » et de « co-bénéfice », pour croiser le climat avec les autres enjeux du développement durable, notamment la question de l’alimentation. Un autre rapport, spécifiquement dédié à la question des terres, doit être publié par le Giec en août 2019.
Extraction du CO2 de l’atmosphère
Selon Valérie Masson-Delmotte, demeurer sous 1,5 °C est encore envisageable, à condition d’accélérer un effort encore « balbutiant ». La paléoclimatologue explique cependant qu’une « majorité » des trajectoires détaillées dans le rapport impliquent le dépassement de cet objectif, suivi d’un recul des températures sous le seuil des 1,5 °C. Ces modélisations reposent sur le captage du CO2 par les terres, ou son rejet hors de l’atmosphère : des techniques de géo-ingénierie encore assez peu évaluées et expérimentées.
Pour éviter ce scénario, la neutralité carbone est impérative et permettrait de stabiliser les températures pour « longtemps », assure-t-elle. Concernant la hausse du niveau des mers, Valérie Masson-Delmotte prévient : une stabilisation de la hausse des températures ne suffira pas à endiguer le phénomène.
Comment fonctionne le Giec ?
Créé en 1988 et comptant 195 pays membre, le Giec a pour mission « d'examiner et évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques les plus récentes publiées dans le monde », afin d'expliquer aux gouvernements et aux décideurs l'état de la connaissance scientifique sur la question des changements climatiques. 5 000 papiers ont ainsi été cités dans ce rapport, rédigé par 86 auteurs originaires de 39 pays. Toute modification doit être approuvée par les scientifiques.