Open Food Facts, Yuka, Scan-Up, kwalito ou encore Yaquoidedans… Peut-être en utilisez-vous une ? Ces applis visant à aider les consommateurs à mieux choisir leurs produits alimentaires au moment des courses, connaissent un essor important. « Aujourd’hui, 30 % des consommateurs sont équipés, ce n’est plus marginal », insiste Pierre Slamich, co-fondateur d’OpenFoodFacts, lors d’un débat organisé par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), le 26 février, lors du Salon de l’agriculture.
Les industriels se prennent au jeu
Une dynamique qui incite les industriels à jouer le jeu. « Ils ont compris leur intérêt, glisse Pierre Slamich. Ceux qui ont arrêté d’utiliser le controversé dioxyde de titane se sont empressés de nous le faire savoir pour qu’on mette la base à jour. » Pour Antoine Nebout-Javal, économiste comportementaliste à l’Inra, il est un peu tôt pour juger un réel effet de fond. « Il reste facile de donner ce qui est le plus valorisant. » L’essentiel des informations restant renseignées par d’autres mains que celles des industriels. Pour Open Food Facts, les 740 000 produits listés l’ont été par des volontaires. « Pourquoi doit-on en passer par là ? Pourquoi n’est-ce pas une obligation ? », regrette Antoine Nebout-Javal.
Quel effet sur les pratiques ?
Et du côté consommateur, quels effets ? Tristan Fournier, chargé de recherche CNRS, évoque des résultats contrastés : « La santé et la nutrition ne sont pas les seuls critères d’achat ! Le plaisir, la convivialité ou surtout le prix restent importants au moment de l’acte d’achat. Par ailleurs, les consommateurs qui téléchargent ces applis sont le plus souvent déjà très sensibilisés à ces aspects. » Autre limite : l’approche « produit par produit ». « Une appli qui cumulerait l’ensemble des notes d’un panier permettrait une meilleure visibilité », suggère Antoine Nebout-Javal. En conclusion, Tristan Fournier rappelle que ces applis ne peuvent être l’alpha et l’oméga du choix de produit. « C’est un outil parmi d’autres. Mais il reste intéressant, car s’il ne permet pour le moment pas de véritable évolution, il est efficace pour créer le débat. J’achète ce chocolat malgré sa note, pour le plaisir, mais j’en suis conscient et ça me permet d’intellectualiser mes choix. »
En attendant, les applis avancent, et se perfectionnent. Pierre Slamich annonce, pour le 5 mars, le lancement d’un module précisant l’empreinte carbone des produits carnés.