Elles avaient brandi la menace en décembre dernier. Ce 14 mars, Oxfam France, la Fondation Nicolas Hulot (FNH), Greenpeace et Notre Affaire à tous sont passées à l’action en déposant officiellement un recours « en carence fautive » contre l’État pour son inaction face au changement climatique, auprès du tribunal administratif de Paris. L’action des quatre ONG à l’initiative de cette « Affaire du siècle » est soutenue par plus de deux millions de personnes, via une pétition.
« Nous avons trois objectifs : en plus de la reconnaissance de l’obligation de l’État à agir et le constat de ses carences en matière de lutte contre le changement climatique, nous espérons que la décision rendue sera contraignante afin que l’État agisse plus et mieux », détaille Jean-François Juillard, directeur général de Greenpeace France, lors d’une conférence de presse organisée suite au dépôt du recours. Les quatre structures espèrent marquer le coup, deux jours avant l’organisation d’une marche pour le climat. « Oui, chacun de nous peut agir à son échelle, mais certains sujets nécessitent des politiques publiques fortes », affirme l’ancienne ministre Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam.
L’agriculture concernée, des précisions attendues
Six actions prioritaires à mettre en place ont été identifiées par les ONG à l’origine de l’Affaire du siècle. Une d’entre elles plaide pour l’instauration d’un « droit à une alimentation saine et durable pour toutes et tous ». Parmi les actions proposées : la création de débouchés pour les produits bio dans la restauration collective et la réorientation de l’ensemble des subventions de la Politique agricole commune (Pac) pour le déploiement d’un modèle d’agriculture écologique. La « requête sommaire » déposée ce jour précise ainsi que l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, pour l’année 2017, n’a pas été atteint, celles-ci dépassant de 3,2 % la trajectoire établie.
« Il faut accompagner la transition, en mettant en place des mesures sectorielles et ne pas se contenter de fixer des quotas carbone nationaux », plaide Célia Gautier, responsable Climat-Énergie à la FNH. Des mesures plus détaillées quant aux actions à mener dans le secteur agricole sont attendues dans un texte plus complet, en préparation, attendu pour avril.