La conversion en bio, pour une exploitation, demande du temps. Deux années sont nécessaires pour les cultures annuelles comme les céréales ou les légumes, trois années pour les cultures dites « pérennes », par exemple la vigne ou l’arboriculture. Pendant cette période, l’exploitant applique les pratiques du bio, sans intrants de synthèse. Une période sensible : la productivité connaît une baisse, tandis que les produits issus de la ferme ne bénéficient pas des tarifs appliqués aux produits AB, supérieurs à ceux du marché conventionnel.
Associer les consommateurs à la démarche
Pour aider les producteurs pendant ces deux à trois ans, les pouvoirs publics proposent des aides à la conversion. Avec le plébiscite du bio par les consommateurs, d’autres dispositifs, privés, voient le jour. En juin, la coopérative bretonne d’aucy invitait les internautes à choisir le prix qu’ils souhaitent payer pour accompagner des agriculteurs en conversion bio. Près de 20 000 participations ont été recensées, la marque doit présenter les conclusions de cet exercice en novembre.
Un gagnant-gagnant avec les distributeurs
Un autre groupe creuse le même sillon à l’autre bout de la France. La société Provencia, qui approvisionne une quarantaine de magasins de l’enseigne Carrefour sur l’ancienne Région Rhône-Alpes, annonce le 10 octobre le lancement d’un dispositif visant à rémunérer davantage les exploitations en conversion. Sans pouvoir aller jusqu’à proposer un tarif « bio » pour des produits ne portant pas encore l’étiquette AB, Provencia s’engage sur un prix légèrement supérieur au conventionnel. « Un logo apposé sur l’emballage et des brochures présentées en magasin permettent d’expliquer le principe de la période de conversion et de justifier cette différence de prix au consommateur », détaille Jean-Marc Claustre, responsable du projet. L’avantage, pour Provencia : nouer une relation de confiance avec les producteurs bio de demain, et ainsi sécuriser son approvisionnement en produits « bio et locaux », un segment très demandé.