Le sujet du bien-être animal est au cœur des attentes des consommateurs. Le gouvernement lui-même s’intéresse à cet enjeu. Une expérimentation est en cours d’élaboration pour mieux faire connaître aux consommateurs les modèles d’élevage dont leurs aliments carnés sont issus. Dans ce contexte, des initiatives originales émergent. C’est le cas du projet « 180 jours de bonheur », mené au lycée agricole Saint-Lô Thère durant l’année scolaire 2018-2019. Financé par le ministère de l’Agriculture, celui-ci a été mené sur l’exploitation de cochons de l’établissement par l’artiste plasticien Nicolas Koch. Ce dernier rendait visite une demi-journée par semaine à un échantillon des cochons du lycée, pour leur faire écouter de la musique, leur lire des textes ou les faire jouer. Un projet insolite, qui n’a initialement pas été très bien perçu par les acteurs de la filière porcine.
Une démarche artistique plutôt qu’expérimentale
« Notre ambition était de pousser les élèves à se questionner, et non de réaliser une expérimentation technique. La profession a malheureusement pris ce projet au premier degré », insiste la directrice de l’établissement Fabienne Martin. Cette démarche entre dans le cadre de la matière « Éducation socioculturelle », enseignée dans les lycées agricoles. « L’objectif est de mener des projets associant le cœur du métier étudié à des approches artistiques et culturelles », explique la directrice. Si les élèves étaient dans un premier temps sceptiques, ces derniers ont constaté, au long du projet, la relation particulière développée entre l’artiste et les cochons.
Préparer les élèves aux évolutions du métier d’éleveur
La finalité de ce projet était de vérifier si un cochon élevé dans ses conditions particulières donnait une meilleure viande. Une dégustation organisée avec un chef meilleur ouvrier de France, au terme de l’expérience, n’a pas donné de résultats convaincants. Ce qui ne dénue pas la démarche de toute utilité, bien au contraire, assure Fabienne Martin. Elle souligne ainsi l’intérêt de former les jeunes à cet enjeu, afin d’appréhender de potentielles évolutions réglementaires sur le sujet. Si jouer de la guitare aux animaux n’est pas près de devenir obligatoire, « nous avons intégré dans la formation le fait que les attentes de sociétales vont modifier la manière de travailler de l’éleveur, pour que les jeunes ne vivent pas ces évolutions comme des contraintes ».
Des xylophones dans le poulailler
Ce type d’initiatives est encore marginal, et ceux qui les déploient insistent sur le caractère non scientifique de leur démarche. C’est le cas de Lucie Gantier, à la tête d’une exploitation de 15 000 poules pondeuses, officiant sur Twitter sous le compte « Les jolies rousses ». Dans une vidéo du 10 décembre, cette dernière explique avoir installé des xylophones pour enfants dans ses bâtiments, pour lutter contre l’ennui des pondeuses, mais pas seulement. Constatant que ses poules commençaient à perdre des plumes au niveau de la collerette, probablement du fait d’attaques entre poules, elle a jugé ce moyen bon pour limiter ce comportement. « Même si ce n’est pas courant, je n’invente rien ! », reconnaît l’éleveuse. De la musique est également diffusée à la fin de la période de ponte. « Les poules aiment beaucoup Bob Dylan », ironise l’éleveuse.
Lutte contre l’ennui, prévention du piquage, enrichissement du milieu, le test du xylophone. #bienetre #animal #CeuxQuiFontLesOeufs #essai S+2, les poules jouent depuis leur mise en place (il suffit de voir le bois picoré). À suivre… pic.twitter.com/WeunmAcMaI
— 🐓Les Jolies Rousses 🐓 (@JoliesRousses) December 10, 2019