Urine pour urine, plainte pour plainte. La polémique liée à la Campagne glyphosate a pris une nouvelle tournure le 20 décembre, date où la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) d’Ille-et-Vilaine a entamé un recours en justice contre le collectif gérant cette campagne, pour « communication mensongère ». Une démarche qui symbolise le ras-le-bol de certains acteurs du monde agricole, qui voient à travers la remise en cause de la molécule une attaque contre leur profession et leurs pratiques.
Analyses d’urines troubles
La Campagne glyphosate a collecté 6000 échantillons d’urine depuis son lancement au printemps 2018. Ses représentants communiquent sur des taux souvent « alarmants » pour inciter les citoyens à porter plainte contre les firmes commercialisant les herbicides à base de glyphosate, ainsi que les responsables de leur homologation. Près de 3000 plaintes de ce type sont aujourd’hui recensées à travers la France. Mais, depuis septembre 2019, la question de la fiabilité des tests réalisés par Campagne glyphosate, via la méthode Elisa, pose question.
D’abord, des agriculteurs du Morbihan ont réalisé un autre test, la chromatographie, sans détecter la molécule quand Campagne glyphosate revendique 100 % de tests positifs pour ses « pisseurs volontaires ». L’hypothèse d’un biais de résultats, selon le protocole utilisé, a ensuite été confirmée par la démarche d’un agriculteur de la Vienne, puis de deux journalistes morbihannais : tous trois ont testé les deux dispositifs, pour des résultats identiques : positifs avec le laboratoire BioCheck, prestataire de Campagne glyphosate, négatifs avec ceux des CHU de Limoges et Vannes.
Nous portons plainte contre le collectif des pisseurs involontaires sur la diffusion de fausses informations ! Stop à la manipulation ! #agriculture #PIGBZH #glyphosate #urine @campagneglypho @CD_Redon #bretagne #pisseursbretagnehttps://t.co/pM9UlZD7eA pic.twitter.com/RbeHiPqg9q
— FDSEA35 (@FDSEA35) December 20, 2019
La goutte d’urine qui fait déborder le vase
Une nouvelle vague d’une dizaine de « double tests », à l’initiative de la FDSEA du Finistère, menée en novembre, a donc fini de convaincre la FDSEA d’Ille-et-Vilaine de contre-attaquer sur le terrain judiciaire. Son président Cédric Henry dénonce sur le site du syndicat les « procédés de communication mensongers de ce collectif », ainsi que « l’incitation au harcèlement et à la violence contre les agricultrices et les agriculteurs français ».
Lire également à ce sujet notre article : Glyphosate, que représentent les taux relevés chez les « pisseurs involontaires » ?