L’agriculture de conservation des sols (ACS) est un mode de production encore relativement peu répandu : il représenterait environ 5 % des surfaces françaises. Mais il bénéficie actuellement d’un double coup de projecteur. D’une part, ses bienfaits pour la vie des sols fait des émules au sein du monde agricole. D’autre part, il est mis en lumière par les actuels débats autour du glyphosate, car cet herbicide est précieux pour les adeptes de la préservation des sols (pour comprendre pourquoi, cliquer ici !). L’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) veut donner encore plus de visibilité aux pratiques de l’ACS.
Objectif, 5000 fermes labellisées en 2025
Pour ce faire, l’Apad lancera, lors du Salon de l’agriculture 2020, un nouveau label : Au cœur des sols. Cette reconnaissance reviendra aux fermes, et non pas aux produits alimentaires qui en sont issus. Le référentiel se veut très strict : les agriculteurs devront respecter l’ensemble des principes de l’ACS, mais aussi s’atteler à la question de l’usage de pesticides et s’impliquer dans la sensibilisation à la préservation des sols au sein du monde agricole. Alors que 200 exploitations seront labellisées en 2020, l’objectif affiché est d’arriver à 5000 à l’horizon 2025.
Derrière ces projections, une certitude : « Ce label est porté par les agriculteurs, ce sont eux qui en choisissent les contours, précise Sophie Gardette, directrice de l’Apad. Ils en ont assez de ces initiatives ou cahier des charges construits par d’autres, et qui finalement s’imposent à eux en leur créant des contraintes supplémentaires. Ce sont eux, par exemple, qui ont choisi de financer eux-mêmes les audits, ils tenaient à ce que ça ne soit pas gratuit. C’est une question de crédibilité. »
Des pratiques peu connues, mais en phase avec les attentes sociétales
La crédibilité, justement, ne se joue pas uniquement au sein du secteur. Si la question de la valorisation économique du label reste à trancher, la perception de l’ACS par le grand public demeure un enjeu important pour le devenir du label. L’Apad a commandé une enquête à ce sujet. Verdict : le travail de pédagogie à déployer reste important. 67,4 % des sondés sont incapables de citer d’autres pratiques agricoles, respectant l’environnement, que l’agriculture biologique. L’ACS n’est pas la seule à manquer de visibilité : même les signes d’origine et de qualité ou la Haute valeur environnementale sont peu évoqués…
Selon l’étude, si 47 % des interrogés jugent que le modèle agricole actuel respecte l’environnement, 42 % le considère intensif et néfaste. Dans ce panorama, l’Apad veut croire que l’ACS a toute sa place. Après s’être fait expliquer succinctement son principe, les sondés encouragent à près de 85 % les agriculteurs à poursuivre ce projet de labellisation. « Cela confirme qu’il y a un vrai besoin des citoyens et que les agriculteurs sont le tiers de confiance désigné pour porter un nouveau projet pour l’agriculture », assure le président de l’Apad François Mandin. 63 % des Français déclarent par ailleurs être prêt à payer plus cher car « c’est une démarche qui mérite d’être soutenue ».