Vous reprendrez bien quelques échantillons d’urine ? L’Assemblée générale des producteurs de blé (AGPB) a pris l’initiative de soumettre les urines de 48 céréaliers à la recherche de trace de glyphosate. Selon les résultats, présentés le 11 février, tous se situent en-dessous du seuil de quantification réglementaire européen, et pour 77 % d’entre eux il n’y a aucune détection. La structure souhaite prendre le contrepied de la Campagne glyphosate qui, depuis 2018, entend inciter les autorités à interdire la polémique molécule en prouvant une contamination généralisée des consommateurs. Plus de 6000 d’entre eux se sont prêtés au jeu en soumettant leurs urines à l’analyse à un laboratoire allemand, BioCheck.
Ne pas faire passer des vessies pour des lanternes
L’APGB déplore que cette démarche crée artificiellement « un sentiment de peur et de danger en matière de santé publique, stigmatisant toujours plus les pratiques des agriculteurs ». Car la méthode de BioCheck est de plus en plus remise en cause. De nombreuses voix, notamment issues des mondes agricole et scientifique, se sont élevées pour souligner le protocole appliqué n’est pas le plus adapté. Une théorie validée par la pratique : plusieurs urines, soumises à la méthode BioCheck et une autre méthode appliquée par les CHU, la chromatographie, se sont avérées présenter des résultats différents. En l’occurrence, la première méthode affiche systématiquement des résultats positifs quand la seconde est le plus souvent négative.
Envie pressante d’une prise de position de l’Anses
« La chromatographie est reconnue par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) comme la plus précise et la plus fiable », souligne l’AGPB. L’organisation demande à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de prendre rapidement position « pour éclairer le débat public, sur les méthodes d’analyses utilisées et sur le sens à donner en matière d’exposition de la population aux différents résultats présentés ».
Début janvier, la polémique était portée sur le terrain judiciaire. La Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) d’Ille-et-Vilaine portait plainte pour « communication mensongère » contre le collectif Campagne glyphosate.
E.P. et J.L.