L’Allemagne assure la présidence de l’Union européenne durant le second semestre 2020. Au cours de ces six mois, le pays aura fort à faire, notamment dans le cadre de l’épidémie de la Covid-19. Au niveau agricole, l’atteinte d’un accord sur la Politique agricole commune post-2021 (mais qui, compte tenu du retard n’entrera pas en vigueur avant 2023), serait le point final de négociations engagées depuis plusieurs années. Le sujet était d’ailleurs à l’ordre du jour du Conseil informel des ministres de l’Agriculture européens, organisé à Coblence en Allemagne, les 31 août et 1er septembre 2020. 400 organisations européennes, issues de 12 Etats membres, ont saisi l’opportunité de cette réunion pour « exiger un changement radical » de la Pac. Parmi elles figurent 43 organisations françaises, telles que la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), le réseau Civam, Terre de Liens, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), le CIWF, le WWF, ou Commerce équitable France.
Mettre la Pac en cohérence avec le Green Deal
Dans une lettre adressée à Julia Klöckner, la ministre allemande de l’Agriculture, les 400 organisations appellent à réformer la Pac, pour que celle-ci puisse garantir la souveraineté alimentaire dans l’UE. Mais aussi qu’elle soit un outil de déploiement du Green Deal. Appelant à un « changement majeur de notre système agricole et alimentaire », à l’opposé d’une « prolongation » ou « optimisation ». La mise en cohérence de la Pac avec les stratégies « De la ferme à la fourchette » ou pour la Biodiversité, à l’horizon 2030, est ainsi souhaitée. Les signataires attendent également un « niveau d’ambition beaucoup plus important » sur divers sujets comme le bien-être animal ou l’utilisation durable des ressources, couplés à une amélioration de la viabilité économique des exploitations. Enfin, l’orientation des aides vers des mesures permettant aux agriculteurs de s’engager dans la transition agroécologique, en remplaçant les aides à l’hectare non ciblées par le principe « argent public pour services publics », fait partie des réformes voulues par les 400 organisations. « Si le Conseil en venait à ignorer ces demandes, la Pac perdrait toute légitimité aux yeux des contribuables et consommateurs européens », concluent-elles.
Julien Denormandie rappelle les priorités françaises
Présent lors de ce Conseil, le ministre français de l’Agriculture, Julien Denormandie, a rappelé les priorités nationales pour la réforme de la Pac. Dans ce sens, il a insisté sur sa nécessaire « ambition environnementale », qui devra être commune à tous les Etats membres pour éviter des situations de distorsions de concurrence. Le ministre a également rappelé son souhait d’encourager le développement des cultures riches en protéines en mobilisant le levier des aides couplées.