Culture Agri : À qui s’adresse l’offre de formation agricole proposée par Hectar ?
Francis Nappez : Nous avons deux formations-phares : Hectar Entrepreneur.e et Hectar Tremplin. La première vise à former les futurs chefs d’entreprise agricole et la seconde est un programme permettant de challenger un projet agricole en cours de création. Le modèle de transmission familiale a longtemps été ultra-dominant dans notre pays. Aujourd’hui, l’agriculture attire aussi de nouveaux profils, pour une seconde carrière. Après dix ou quinze ans d’un premier métier, des reconversions professionnelles sont de plus en plus souhaitées. C’est un public que nous recherchons chez Hectar.
Mais devenir agriculteur ne s’improvise pas. On ne peut plus pratiquer l’agriculture sans intégrer les défis actuels. Nous sommes attentifs à ce que les projets répondent à trois critères : les étudiants seront fortement sensibilisés aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux. Sur ce dernier point, même si nous laissons les candidats choisir leur mode de production, nous les sensibilisons en particulier à l’agriculture de régénération des sols.
C.A. : Les futurs agriculteurs sont-ils le seul public visé par Hectar ?
F.N. : Nous l’envisageons plutôt comme un écosystème d’acteurs agricoles. En particulier, nous associons technologie et agriculture. Beaucoup de start-up se créent. Certains entrepreneurs ont de vraies bonnes idées, mais ne sont pas forcément issus de l’agriculture. Pour bien appréhender ce secteur, nous lançons donc un cursus spécifique avec la l’Ecole 42, qui propose des formations en informatique. Nous avons une trentaine de places. Ici vont se développer des compétences techniques dans le cadre des projets d’intelligence artificielle pour le secteur agricole. En parallèle, nous allons accueillir environ 80 porteurs de projets qui seront accompagnés sur 24 mois. Nous mettons à leur disposition des bureaux et des hectares de terrain pour les expérimentations. L’objectif est de créer un vaste écosystème permettant à ces divers publics de se rencontrer et d’apprendre les uns des autres. Les futurs agriculteurs découvriront les projets et les solutions imaginées. Enfin, parce qu’il faut préparer l’avenir, nous accueillerons également un public scolaire. Le but : les sensibiliser et leur donner le goût de l’agriculture. Nous accueillerons des groupes, pour un jour ou une semaine.
C.A. : Quel est le modèle économique d’Hectar ?
F.N. : L’objectif est que cela ne coûte rien aux apprenants ni aux porteurs de projet. Nous misons principalement sur le financement via des mécénats, et aussi sur des dispositifs de financement pour l’emploi et les formations.
C.A. : Comment avez-vous perçu les commentaires, parfois mitigés, du monde agricole par rapport au lancement d’Hectar ?
F.N. : Entreprendre c’est accepter de ne pas faire consensus. Nous ne sommes pas là pour donner des leçons, mais pour apporter une pierre de plus à un édifice commun : l’agriculture. Il y a de la place pour tous les acteurs. Le campus Hectar se situe en complémentarité avec les dispositifs de formation agricole existants. Nous aiguillerons certains de nos étudiants vers des cursus traditionnels chaque fois que cela se justifiera. Il y a une véritable demande d’accompagnement pour les reconversions ; nous nous l’approprions avec notre vision, mais nous ne sommes pas hors-sol. Sur la vingtaine de collaborateurs investis chez Hectar, l’essentiel a un parcours très agricole. Nous savons que notre légitimité viendra aussi avec nos résultats !