Avant la démarche d’Hervé Lauzier, propriétaire d’une amanderaie de 40 hectares, et de six autres producteurs d’amandes dans le Drôme, la totalité des amandes françaises étaient cassées à l’étranger, majoritairement en Espagne. Le 15 septembre, les sept agriculteurs rassemblés dans la Cuma des 4SA, ont mis en place la première filière amandes françaises. En investissant 750 000 euros pour la construction de la casserie de la Drôme Provençale, dans la région de Montélimar (26), ils s’assurent ainsi de maîtriser toute la filière, en recyclant notamment les coproduits issus de la casse. La démarche permet aussi un impact moindre sur l’environnement : « Avant, nous versions les amandes dans un camion en direction de l’Espagne, et elles faisaient l’aller-retour. Avec la casserie, nous évitons beaucoup de transport », explique Hervé Lauzier.
Les amandes de la Cuma 4SA vendues chez Biocoop
Encore unique sur le territoire français, cette initiative s’inscrit dans une croissance forte de l’intérêt pour la culture de cette graine, depuis quelques années en France. La cause de ce phénomène : une demande très importante de la part des consommateurs. « La consommation française dépasse les 35 000 tonnes par an, et la France en produit moins de 1000 », explique Hervé Lauzier. Face à cet écart, le secteur de la distribution suit, lui aussi la tendance. Dans la foulée de l’ouverture de la casserie de la Drôme Provençale, le groupe Biocoop a annoncé assurer la commercialisation des produits des trois agriculteurs bio que comprend la Cuma 4SA. Depuis, d’autres enseignes, ainsi que des industriels, se sont tournés vers le groupe. Pour Hervé Lauzier, c’est de bon augure pour la suite. « Si l’offre d’amandes françaises est plus grande en rayon et dans les produits transformés, les consommateurs pourront s’y intéresser davantage. »
Ne pas oublier la qualité
Cependant, pour l’agriculteur, l’équilibre entre l’offre et la demande ne peut pas être rétabli uniquement par l’augmentation des hectares cultivés. Au contraire, il met en garde : « Les amandes américaines sont vendues à 5 € le kg, et les amandes françaises en coûtent 12. Ce n’est pas parce que la demande est forte que les consommateurs seront prêts à payer plus cher ! » Selon lui, une augmentation massive et incontrôlée de la production pourrait faire chuter les prix et provoquer, à terme, un effondrement de la filière.
Pour pallier ce problème, Hervé Lauzier clame son principe-clé : « Ne pas oublier la qualité en visant la quantité à tout prix » Pour lui, les amandes françaises, aujourd’hui vendues comme produits haut de gamme, doivent garder cette qualité, qui en justifie le prix. Pour cette raison, les sept producteurs travaillent, depuis deux ans, sur la création d’une appellation, en collaboration avec l’interprofession France Amande.
95 % de récolte en moins l’an dernier
Cette reconnaissance de qualité est d’autant plus importante que, depuis deux ans, les aléas climatiques ne jouent pas en faveur de la filière. Cet été, le manque de chaleur a causé une diminution de la taille des graines dans les coquilles. Le gel est encore plus inquiétant. « Cette année, 30 % de mes arbres ont gelé, mais l’an dernier, ce taux à atteint 95 %. Nous nous sommes serré la ceinture. » Autre problème pour les producteurs, le nombre croissant d’interdictions de produits phytosanitaires, qui les contraint à utiliser davantage de produits autorisés, mais moins efficaces, et donc à dépenser davantage en intrants.
Pour avoir visité et s’être fait commenter la culture du lavandin et de la lavande sur le plateau de Valensole par une association locale d'”anciens”, il y était question de revenir à l’ancienne pratique d’associer les amandiers avec à leur pied, la lavande vraie (pas le lavandin).
Pour avoir visité et s’être fait commenter la culture du lavandin et de la lavande sur le plateau de Valensole par une association locale d'”anciens”, il y était question de revenir à l’ancienne pratique d’associer les amandiers avec à leur pied, la lavande vraie (pas le lavandin).