Et s’il suffisait, pour favoriser le bien-être des porcs, de leur prêter une oreille attentive ? C’est en tout cas le parti-pris d’une équipe internationale de chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’École polytechnique fédérale de Zürich et l’université de Copenhague. Dans le cadre d’un projet européen, Soundwel, un système d’intelligence artificielle a été développé pour analyser les vocalisations des cochons. Une piste de travail inspirée de travaux déjà existants, mais focalisés sur la toux des porcs.
Grognements et couinements, un langage en soie
Cette fois, la palette de sons étudiés est plus vaste. 7400 vocalisations émises par 411 porcs de différents laboratoires européens ont pu être analysées dans 19 situations différentes. Ces situations ont été préalablement identifiées comme des sources d’émotions positives (par exemple l’allaitement ou les retrouvailles avec des congénères) ou négatives (typiquement les bagarres, l’isolement…), depuis la naissance jusqu’à l’abattage. Les grognements, cris et autres couinements des porcs, et leurs nombreuses variations, ont été décryptés selon différents critères audios : fréquence, volume, pureté du son…
Tout est son dans le cochon
Les enseignements de ce travail ont été publiés le 7 mars dernier, dans Scientific reports. Ils établissent que l’intelligence artificielle est à même de reconnaître la situation dans laquelle les vocalises ont été émises avec une précision de 82 %. Le système permet donc, en comparant un son émis en temps réel avec cette bibliothèque de sons, de le caractériser avec une marge d’erreur raisonnable. De quoi imaginer un système d’alerte pour prévenir les éleveurs si une situation nécessite leur intervention immédiate. Autre application : favoriser les situations « positives » pour les porcs, en évaluant par exemple, le succès de nouveaux jouets ou d’infrastructures pour renforcer le bien-être de leurs animaux.