Le Nutri-Score n’a pas que des amis ! Au printemps dernier, l’Institut régional de la qualité agroalimentaire en Occitanie, Irqualim, jugeait le dispositif inadapté aux produits sous signe de qualité et d’origine, Siqo. Quelques mois plus tard, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, s’était lui aussi prononcé, suite aux réclamations d’AOP fromagères, en faveur de la révision de la méthodologie de la notation. Dans une enquête publiée le 10 mai, l’UFC-Que Choisir prend le contre-pied de ces positions. L’étude a été menée auprès de 588 produits, représentant 310 aliments typiques de leurs régions, afin d’en calculer le Nutri-Score. Résultat, selon l’UFC : « près des deux tiers des produits alimentaires du terroir obtiennent de bonnes notes avec le Nutri-Score ».
UFC-Que choisir dénonce des arguments « fallacieux »
Plus précisément, 62 % des produits étudiés auraient un Nutri-Score A, B ou C. Parmi eux, près de 30 plats traditionnels, comme le hochepot flamand, la potée auvergnate, le cassoulet de Castelnaudary, mais aussi des produits sous SIQO, comme, entre autres, le veau du Limousin élevé sous sa mère Label Rouge, le porc noir de Bigorre AOP, la mâche Nantaise IGP, l’abricot rouge du Roussillon AOP, le melon du Quercy IGP, les lentilles vertes du Puy AOP et les mogettes de Vendée IGP. 73 aliments traditionnels auraient par ailleurs reçu un Nutri-Score C, comme le far breton ou la cancoillotte de Franche-Comté. « Les chiffres du terrain parlent : l’argument des industriels selon lequel le Nutri-Score stigmatise les produits du terroir n’est ni plus ni moins que fallacieux ! » , fustige l’UFC.
Comme le regrettaient leurs filières respectives, des produits comme le roquefort ou le bleu des Causses, obtiennent effectivement des Nutri-Score D ou E. Il serait néanmoins « inexact » de dire que ces produits sont stigmatisés, selon l’association : « Ces notes, rarement affichées sur les produits qui les obtiennent, signifient seulement qu’il est recommandé de les consommer en quantités modérées et à des fréquences raisonnables. »
Des résultats transmis à la Commission européenne
L’UFC n’a pas choisi de s’intéresser à ce sujet par hasard. L’Organisation mondiale de la santé, OMS, a en effet recommandé aux autorités européennes de mettre en place un étiquetage nutritionnel simplifié obligatoire. La Commission européenne doit se prononcer sur le système qu’elle choisira d’ici à la fin de l’année. L’association indique qu’elle a transmis les résultats de son enquête à l’instance européenne.