Ecophyto, en France, ou le Green Deal, au niveau européen, appellent à une moindre utilisation des produits phytosanitaires. Pour les remplacer, le recours à une approche combinatoire, associant certaines pratiques culturales, du biocontrôle, la génétique ou encore le numérique, est largement encouragé. Dans ce cadre, les auxiliaires de cultures sont des alliés précieux. Ces insectes sont en effet des prédateurs naturels d’insectes nuisibles s’attaquant aux plantes, que les agriculteurs ont pris l’habitude, depuis la deuxième guerre mondiale, de repousser essentiellement par des insecticides. Utiliser des insectes contre des insectes ? Cela s’appelle la lutte biologique.
Or, ce mécanisme naturel serait menacé par l’artificialisation des sols. C’est ce qu’affirme une étude menée par une équipe internationale, à laquelle a participé Inrae, aux côtés du Centre de recherche écologique en Hongrie et l’Université technique de Munich, et dont les résultats ont été publiés ce printemps dans la revue Science of the Total Environment. Selon elle, « plus le niveau d’urbanisation augmente, plus le niveau de contrôle biologique fourni par les ennemis naturels diminue ».
+ 44 % d’insectes nuisibles en zones urbaines
Pour arriver à ces conclusions, l’équipe de chercheurs a réalisé une méta-analyse, pour synthétiser les résultats de 52 études, portant sur différentes villes dans le monde. L’un des enseignements de ces travaux est que « les zones urbaines augmentent de 44 % environ l’abondance des insectes piqueurs-suceurs, comme les pucerons et les cochenilles, par rapport aux zones rurales. À l’inverse, le nombre d’ennemis naturels ayant une faible capacité à se disperser y est plus faible ». Plus concrètement : plus le milieu est urbain, plus les insectes nuisibles sont nombreux, et moins ils sont régulés par leurs ennemis naturels.
Lutter contre l’artificialisation des sols
L’étude précise néanmoins que des aménagements peuvent être mis en place pour favoriser le développement des ennemis des insectes nuisibles. Il s’agit par exemple de zones de végétation diversifiée, servant d’abris aux prédateurs de ces insectes. Les chercheurs insistent ainsi sur le nécessaire ralentissement de l’artificialisation des sols, « pour contribuer de manière significative à la restauration des communautés d’insectes et de leurs fonctions écologiques ».