Quel est le devenir d’un euro investi dans un magasin de producteurs ? Dans quelle mesure profite-t-il à l’économie locale ? Trois partenaires ont décidé d’aborder ces questions : le réseau agricole Trame, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et le Réseau des magasins de producteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Leur étude porte sur cinq magasins du Lubéron, auxquels un indicateur innovant a été appliqué.
Quantifier le ruissellement local
Le principe de cet indicateur est relativement simple : partir d’un euro investi par un consommateur (niveau 1), puis étudier à qui le magasin redistribue cette somme (niveau 2), avant enfin de s’intéresser à l’usage de cet argent par ces bénéficiaires (salariés, prestataires…) (niveau 3). Pour chaque niveau, la part réinvestie dans un rayon de 30 km est calculée. On obtient une note sur 3, que l’on peut interpréter ainsi :
– la note 0 est donnée dans le cas où un euro investi quitte, dès le niveau 1, le circuit local ;
– la note 3 correspond à un cas de figure où l’intégralité d’un euro investi est redistribué localement, à chaque niveau.
De bons scores et une marge de progression
Verdict : appliqué aux cinq magasins du Lubéron, l’indice oscille entre 2 et 2,5. Pour les partenaires de l’étude, ce sont de bons scores, qui « contribuent à justifier le bien-fondé de l’investissement de fonds publics dans les magasins de producteurs, et à convaincre agents de développement et élus ». Le travail mené révèle même qu’il existe une marge de progression.
En s’intéressant spécifiquement aux sommes qui échappent à l’économie locale au niveau du magasin, et au niveau des agriculteurs, il s’avère que respectivement 66 % et 51 % de ces montants sortent du circuit local alors qu’une alternative de proximité existe, souvent par recherche du moindre coût. Par exemple, les magasins peuvent privilégier un imprimeur « distant » pour leurs affiches publicitaires, car ses tarifs sont plus intéressants que l’imprimeur voisin.