La France s’est posé des objectifs ambitieux pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, à savoir la réduction des usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici à 2025. Si des efforts ont été fournis, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, regrette la Fondation Nicolas Hulot. Pour y voir plus clair, le Think Tank de la Fondation s’est penché durant un an, avec le Basic, le Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne, sur les financements publics et privés perçus par les acteurs agricoles et alimentaires au cours des dix dernières années. Le travail mené a donné lieu à un rapport et a conduit à la conclusion que depuis 2008, la France a donné au monde agricole de grands objectifs à atteindre, sans lui en donner les moyens. « Les objectifs ne peuvent pas être atteints sans politique cohérente, souligne Nicolas Hulot, lors de la présentation du rapport, le 8 février 2021. La question n’est pas d’obtenir des financements supplémentaires, mais de réorienter les financements actuels.
1% des financements auraient un effet avéré
Quatre principaux résultats ont été mis en avant : l’augmentation des pesticides serait la conséquence d’une frange minoritaire d’agriculteurs qui en utilise toujours plus ; les financements publics seraient quasi inexistants pour réduire l’usage des pesticides ; la fiscalité irait à contre-courant du plan Écophyto ; les financements privés maintiendraient le statu quo. Le groupe d’exploitations les plus utilisatrices ne représente que 9 % de l’ensemble des exploitations, mais sa consommation a augmenté de 55 % en dix ans. 57 % des exploitations, dont l’utilisation des pesticides est moyenne, pourraient changer de modèles si elles étaient vraiment accompagnées. Par ailleurs, sur les 23,2 milliards d’euros de financements publics versés annuellement, seulement 11 % ont une intention vis-à-vis de la réduction des pesticides et moins de 1 % ont des effets avérés. Les financements privés, de 19,5 milliards d’euros annuels, de leur côté, n’améliorent pas la situation : les exploitations intensives en pesticides empruntent 60 % plus que les moins intensives.
Développer les PSE
Pour remédier à cette situation, la FNH propose une feuille de route avec deux outils prioritaires : la Pac, où seuls 2 % du budget est dédié à la réduction des pesticides, et la fiscalité, avec la mise d’un système de bonus-malus, sur le principe du pollueur-payeur. La fondation souhaite entre autres cinq fois plus de moyens pour rémunérer les systèmes de production en agriculture biologique et pour accompagner les conversions, et que 40 % du premier pilier soient dédiés à des paiements aux agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils fournissent. Elle plaide également pour un financement de 63 millions d’euros annuels visant la mise en place de 1 254 projets alimentaires territoriaux écologiques et solidaires.
Des réactions mitigées
Suite à la publication du rapport, l’UIPP, union rassemblant les acteurs de la protection des plantes en France, a tenu à rappeler les progrès importants déjà réalisés « comme en attestent les données de la base officielle de ventes de produits phytosanitaires ». Même son de cloche du côté de la FNSEA, qui souligne que « d’après les données de la base officielle de ventes (BNVD), les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle représentent désormais 36% du total des substances actives achetées par les agriculteurs », et que entre 2009 et 2019, la quantité totale de substances actives de produits conventionnels a baissé de 36 %.
Qui croire au travers de tous ces chiffres ???
Tant que l’UIPP dirigera l”exploitation agraire ,il ne faut pas s’attendre à de grandes diminutions de pesticides ,car ils sont son “pain béni”.