L’annonce était attendue de longue date dans le secteur apicole, mais aussi du côté des ONG. Après l’organisation d’une consultation publique cet été, dans le cadre de laquelle pas moins de 17 000 contributions ont été recueillies, le plan pollinisateurs pour 2022-2026 a été dévoilé, le 21 novembre, par le Gouvernement. Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique comptent sur un financement de 115 millions d’euros minimum pour le concrétiser, issus de la Pac ou du programme Ecophyto notamment. L’ajout complémentaire de fonds volontaires, de la part de collectivités et d’entreprises privées, est vivement espéré.
Un plan en six axes
Le plan reste articulé autour des six axes, en l’occurrence :
- Amélioration des connaissances scientifiques ;
- Leviers économiques et d’accompagnements des agriculteurs/apiculteurs/forestiers ;
- Accompagnement des autres secteurs d’activités (aménagements urbains, infrastructures linéaires, sites industriels, sites à grande emprise foncière, aires protégées) ;
- Préservation du bon état de santé des abeilles et autres pollinisateurs ;
- Réglementation pour la protection des pollinisateurs lors de l’autorisation et l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ;
- Partage des pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs.
Le même jour, un arrêté portant sur l’utilisation des pesticides au regard du risque pour les pollinisateurs, mis en consultation en même temps que le plan, a été publié au journal officiel le 21 novembre. Il étend notamment les règles d’évaluation de l’ensemble des familles de produits, et non plus seulement les acaricides et insecticides, pour déterminer s’ils peuvent être utilisés sur des cultures en floraison attractives pour les pollinisateurs. Une consultation vient d’être lancée, jusqu’au 12 décembre 2021, concernant les cultures à intégrer dans cette liste.
Des réactions mitigées
Les réactions à ce plan très attendu n’ont pas tardé. Dans un communiqué diffusé après les annonces, la FNSEA, qui salue les grandes lignes du plan, s’est montrée plus partagée sur l’arrêté. « La voie réglementaire que le Gouvernement a choisie, une fois de plus, est celle de la surtransposition des règles communautaires », déplore le syndicat. L’instauration d’un processus franco-français d’évaluation des produits phytosanitaires met les agriculteurs français « en situation de distorsion de concurrence pour la protection de leurs cultures », selon le syndicat. Pour sa part, l’ONG Pollinis déplore « un manque d’ambition abyssal sur les pesticides, seul véritable levier pour enrayer l’extinction des pollinisateurs ».