La Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) fixe un objectif clair pour lutter contre le dérèglement climatique : atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Cela implique une division par six des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, selon la SNBC, et un doublement des puits de carbone à l’échelle nationale, indique la société Horizom dans un communiqué diffusé le 18 juillet 2023. Alors que le secteur agricole a son rôle à jouer pour faire face à ces enjeux, Horizom, fondée en janvier 2021, mise sur une culture encore peu présente sur le sol français : le bambou. Avec une pépinière de 7 hectares située dans les Landes, son objectif est de fournir des plants aux agriculteurs partenaires, et de les accompagner tout au long du processus de création et de valorisation d’une bambousaie.
Le bambou, véritable puit de carbone
Le rapport 2022 du Haut conseil pour le climat affirme que la capacité de stockage de carbone des forêts françaises a chuté de 48 % depuis 2010, en raison d’une baisse de la production, d’une multiplication des épisodes climatiques destructeurs (sécheresses, tempêtes, incendies), et d’une augmentation de la déforestation. Face à ce constat, Dimitri Guyot, cofondateur et directeur technique d’Horizom, est formel : « Nous n’avons plus beaucoup de temps pour atteindre la neutralité carbone, il faut absolument mobiliser d’autres leviers », assure-t-il. Caractérisé par une croissance rapide, le bambou produit une importante biomasse pouvant ainsi stocker en un temps record une grande quantité de carbone. Il peut aussi assurer un revenu complémentaire à l’agriculteur, via la valorisation du carbone stocké. « La vente de crédits carbone permet de compenser 50 % des investissements effectués pour l’installation de la bambousaie au cours des premières années », indique Dimitri Guyot. (voir encadré)
Un arbre (presque) comme les autres
Fibres isolantes, panneaux d’ameublement, bioénergies… « A part pour faire des structures de maintien des bâtiments, comme les poutres, le bambou peut se diriger quasiment vers les mêmes débouchés que le bois, en raison d’une composition chimique très similaire », explique Dimitri Guyot. Une culture donc, qui pourrait bien compenser une production sylvicole en baisse et limiterait la pénurie de matériaux biosourcés, à condition de s’inscrire dans une filière davantage structurée. « Notre entreprise est jeune, et cette culture n’est pas encore très développée en France : on ne recense que 200 hectares de bambousaie sur le territoire, mais certains voisins européens tels que l’Italie sont plus avancés que nous sur ce secteur », avance Dimitri Guyot.
Horizom a récemment déposé une méthodologie spécifique auprès du ministère de la Transition écologique, pour calculer la quantité de carbone stockée par une culture de bambou, et ainsi s’inscrire dans le Label Bas Carbone. La validation de cette méthode permettrait aux producteurs de bambous de vendre des crédits carbone, correspondant à la quantité de carbone stockée dans leurs sols. Dans l’attente de sa réponse, le groupe utilise aujourd’hui le mécanisme de certification international Gold Standard.