Campagnes et environnement : Qu’est-ce qui a motivé votre choix de communiquer sur Youtube ?
Gilles vk : Cela remonte à deux ans et demi, suite à une émission d’Élise Lucet dédiée aux pesticides. Je l’ai perçu comme le signe d’un agri-bashing de plus en plus présent. Déjà présent sur Twitter, je me suis dit qu’il fallait accélérer dans la communication, notamment sur ces thématiques sensibles. Je me suis filmé avec mon téléphone. Quand j’ai vu que 200 internautes avaient vu cette vidéo en un mois, j’ai trouvé ça énorme ! Je n’aurais jamais pu espérer rassembler 200 personnes dans une salle pour leur parler d’agriculture.
C.E. : Comment abordez-vous la thématique « pesticides » ?
Gilles vk : Je ne fais pas de focus. Je me contente de parler de mon quotidien. En présentant tout ce que je fais par ailleurs, je montre que dans mon métier, c’est un élément parmi d’autres et que je ne passe pas mes journées à pulvériser. J’en utilise, je ne m’en cache pas, mais j’explique la démarche, sa nécessité.
C.E. : Votre casquette de youtubeur modifie-t-elle parfois votre approche du métier ?
Gilles vk : Ça a pu m’arriver de me placer devant la caméra pour présenter un chantier, et de ne pas réussir à en justifier l’utilité. Dans ces cas-là, il est clair que je m’interroge sur sa nécessité ! Pour le reste, je reste un agriculteur comme les autres, je ne me distingue pas de mes collègues. Au contraire ! Par exemple, la démarche de piégeage des limaces que je présente (ndlr dans la vidéo du 15 septembre) n’a rien « d’élitiste » : je fais partie d’un réseau de plusieurs centaines d’agriculteurs, dont huit dans mon voisinage. C’est la société De Sangosse qui l’anime et qui fournit les pièges : l’objectif est d’avoir une idée plus précise des populations de limaces par zone, pour bien mesurer le danger pour les cultures, et n’intervenir que si nécessaire. C’est typiquement ce type d’action que je veux mettre en lumière, car elle est répandue, et montre que derrière un youtubeur bien en vue, il y a de très nombreux agriculteurs qui travaillent dans le respect de bonnes pratiques !
C.E. : Quel ton choisissez-vous pour aborder les thématiques parfois très techniques ?
Gilles vk : Le plus souvent, les mots viennent facilement. Dans ma dernière vidéo, je dis, avec mes mots, l’utilité de couverts de sarrasin pour limiter les populations d’adventices ou de féveroles pour limiter les altises dans mes colzas. Même pour l’agriculture de conservation des sols, que j’applique depuis peu de temps, j’explique simplement les bénéfices que je perçois, pas besoin d’être très « technique ». D’ailleurs, même si j’essaye avant tout de vulgariser mon métier, je sais que 40 à 50 % de ceux qui regardent la chaîne sont des agriculteurs.