Pour la première fois en France, le marché du commerce équitable a dépassé le milliard d’euros en 2017. Traditionnellement associé aux produits originaires de l’hémisphère Sud, tels que le café ou le cacao, ce modèle commence à se développer dans l’Hexagone, avec des produits d’origine 100 % française. Les ventes issues des filières françaises représentaient ainsi, en 2017, 323 millions d’euros, dont plus de la moitié ont été générées par le label Agri-Éthique.
Lancé en 2013, celui-ci vient de rejoindre, le 14 septembre, le collectif Commerce Équitable France. L’objectif de ce dernier : promouvoir le commerce équitable en France et à l’international pour accompagner les transitions écologiques et sociales des modes de production et de consommation. Un rapprochement dont se félicite le directeur général d’Agri-Éthique, Ludovic Brindejonc, qui y voit le moyen « d’apporter sa pierre à l’édifice » dans la structuration du commerce équitable en France.
Responsable n’est pas toujours équitable
Principalement actif sur la filière blé, avec près de 60 000 tonnes récoltées et 600 boulangeries partenaires, Agri-Éthique a également récemment investi les filières œuf, lait et porc. Mille agriculteurs et treize coopératives ou négoces se sont alliés à la démarche. Si les ventes de produits français issus du commerce équitable ont bondi de 148 % entre 2013 et 2017, « le gros travail reste l’explication de notre démarche aux consommateurs, dans un foisonnement de démarches se qualifiant de responsable. L’équitable, c’est la garantie d’une juste rémunération de l’agriculteur ainsi que son identification auprès des consommateurs », détaille Ludovic Brindejonc.
Initié pour répondre à une période d’instabilité agro-économique, le pacte Agri-Éthique repose sur un contrat de trois ans basé sur le prix de revient – « et non pas sur une prime qui s’ajouterait au prix du marché », précise Ludovic Brindejonc. La démarche affirme ainsi soutenir près de 6500 emplois au niveau local.
Un cadre réglementaire récent
La loi sur l'économie sociale et solidaire de 2014, et notamment l'article 94, a permis de structurer le développement du commerce équitable « Nord/Nord », mais également de l'officialiser : le terme n'était applicable qu'aux dynamiques Nord/Sud jusqu'alors. La législation impose ainsi un contrat entre les parties d'une durée minimum de trois ans, un prix rémunérateur pour les agriculteurs établi sur la base des coûts de production, l'octroi par l'acheteur d'un montant supplémentaire obligatoire pour renforcer les capacités et l'autonomisation des travailleurs.