Quel est selon vous le premier défi que doit relever l’agriculture française dans les prochaines années ?
« Il faut refaire de l’agriculture un grand métier d’avenir. Nous assistons à la destruction de l’agriculture, car elle s’est développée selon un modèle ultra libéral, soumis à un profit financier à court terme, au détriment des agriculteurs et de la qualité des produits. Le secteur agricole a été livré à une finance folle, une finance qui est aujourd’hui découplé de l’économie réelle. Je défends une agriculture productive mais raisonnable, se débarrassant de la pression d’un productivisme aveugle.
Pour y parvenir, une régulation publique (sous forme de quotas, stocks d’intervention, fonds de garantie…) de tous les secteurs de production agricole est indispensable, soit au niveau européen, soit au niveau français. Le temps des marchés n’est pas celui de l’agriculture, il faut mettre les pendules à l’heure.
Quels sont les points clés de votre programme à l’élection présidentielle pour développer une agriculture respectueuse de l’environnement ?
Si les agriculteurs ont des prix rémunérateurs, alors ils pourront s’attacher à produire de la qualité. Il faut donc alléger la pression qui pèse sur les agriculteurs pour leur permettre de concilier naturellement agriculture et environnement.
Il faut par ailleurs empêcher l’éradication du modèle de la ferme familiale, de petite taille ou de taille intermédiaire, car elles sont compétitives et permettent de développer l’ensemble de nos territoires.
Enfin, nous souhaitons favoriser les circuits courts afin de rapprocher les consommateurs des producteurs, et donc limiter les impacts des transports sur l’environnement. Une partie importante de la commande publique devrait aller à des productions locales et nationales, en priorité aux PME.
Quelle place souhaiteriez-vous donner aux agriculteurs dans les territoires ruraux et urbains ?
Nous nous devons de faciliter l’activité agricole en milieu rural. Et cela passe par l’accès au réseau numérique partout sur le territoire. Afin d’y parvenir, je milite pour que le numérique devienne un service public accessible à tous, comme cela avait été fait autrefois pour l’eau et l’électricité.
L’agriculture et les agriculteurs sont aujourd’hui essentiels en milieu rural et devront le rester. Pour cela, il faut à la fois changer l’image de l’agriculture qui est innovante en faisant appel aux nouvelles technologies (données satellitaires, drones…) et revaloriser les formations agricoles.
Jacques Cheminade se rendra au Salon international de l’agriculture à Paris, Porte de Versailles, à la rencontre des agriculteurs, le lundi 27 février après-midi.