Agriculture raisonnée, rester dans le coup

20 février 2006 - La rédaction 
Dominique Clyti, producteur de céréales et pommes de terre dans l’Aube, ne veut pas être à la marge. Pour conserver ses parts de marché, actuelles mais aussi à venir, il a décidé de qualifier son exploitation au titre de l’agriculture raisonnée.

C’est incité financièrement par l’un de ses principaux clients que Dominique Clyti, exploitant sur 320 hectares dans l’Aube, s’est engagé dans l’agriculture raisonnée. “Pour maintenir le prix de vente de mes pommes de terre livrées à Pom’Alliance”, reconnaît-il. L’ancienne prime de 15 euros/t liée au cahier des charges du négociant se partage en effet aujourd’hui entre une prime de 7 euros toujours relative au cahier des charges, et une prime de 8 euros conditionnée à la qualification au titre de l’agriculture raisonnée. Pour conserver son revenu, le producteur n’avait donc pas le choix. Une décision qu’il ne regrette pourtant pas, car elle lui permet aujourd’hui d’être prêt si des demandes similaires voient le jour parmi ses autres acheteurs. Et ce dernier y croit. “L’agriculture raisonnée sera certainement une condition d’accès au marché dans les années à venir. Elle ne permettra sans doute pas d’obtenir une plus-value sur les produits, malheureusement, mais sans cette qualification, certaines portes risquent de se fermer”, estime-t-il. Autant être qualifié quand ce jour viendra, plutôt que d’engager cette démarche à la hâte. “J’ai pris deux ans pour préparer l’audit de qualification, ce qui m’a permis de faire la plupart des aménagements moi-même, donc à moindre coût”, confie-t-il.

Dominique Clyti est installé à Fontenay-de-Bossery, dans l’Aube.

Il cultive 320 hectares dont 100 hectares de blé, 100 hectares d’orge et 30 hectares de pommes de terre.

L’exploitation est qualifiée au titre de l’agriculture raisonnée depuis le 15 décembre 2005.

Traçabilité acquise…

En respectant le référentiel de l’agriculture raisonnée, Dominique Clyti satisfait dans le même temps à la plupart des cahiers des charges mis en place par l’aval. En plus, bien sûr, d’être aux normes au regard de la réglementation française, de la conditionnalité des aides, etc. Une simplification appréciable face aux contraintes qui fusent de tous côtés. “Sur mon exploitation, le volet traçabilité est acquis : facilement et rapidement, je peux retrouver de quelle parcelle provient chaque lot de marchandises, décrire les interventions effectuées en culture et les justifier”, illustre-t-il. Pressés généralement par la grande distribution, de plus en plus de coopératives et négociants demandent une telle traçabilité à la parcelle.

Dominique Clyti connaît la parcelle d’origine de chacune de ses caisses de pommes de terre.

… et tranquillité !

Si maintenir son revenu était l’argument de départ, Dominique Clyti trouve aujourd’hui bien d’autres avantages pratiques à être entré dans la démarche. Une nouvelle aire de remplissage, et voilà que les tâches de manutention se trouvent simplifiées, avec la possibilité en plus de travailler les pieds au sec. Bientôt sur le portail de la ferme, le panneau “agriculture raisonnée” permettra de prouver aux passants qu’il “travaille bien”. Une tranquillité d’esprit retrouvée, enfin : les contrôles font aujourd’hui moins peur, car l’agriculteur sait qu’il respecte la réglementation et répond aux exigences de la conditionnalité des aides.

Christophe Préchonnet, responsable des techniques agricoles de Pom’Alliance

L’idée d’une démarche unique

Depuis 2003, Pom’Alliance propose une prime de 8 euros/tonne pour les pommes de terre issues d’une exploitation qualifiée au titre de l’agriculture raisonnée. “L’idée initiale était de simplifier la mise en place des multiples cahiers des charges en proposant l’agriculture raisonnée comme démarche unique à nos producteurs”, explique Christophe Préchonnet.

Aujourd’hui, elle sert effectivement de base pour Eurep Gap, ou encore Choix de la Nature. “Malheureusement, nous n’avons pas pu éviter la prolifération des cahiers des charges, regrette le responsable des techniques agricoles. Les GMS françaises continuent par exemple d’en exiger des spécifiques.” Difficile dans ce contexte de valoriser les produits issus d’exploitations qualifiées. “Il nous faudra aller plus loin pour faire connaître la démarche”, confie Christophe Préchonnet. Et trouver enfin, dans les rayons, des pommes de terre étiquetées “produits issus d’une exploitation qualifiée au titre de l’agriculture raisonnée”…

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