Aisne : le respect de l’environnement pour héritage

A Fossoy, dans l'Aisne, le domaine viticole Déhu père et fils a misé depuis longtemps sur une production de champagne respectueuse de l'environnement. La volonté de produire propre s'est transmise de père en fils. Si Michel, le père, était précurseur il y a une quinzaine d'années dans l'utilisation de méthodes alternatives, Benoît, le fils, veut conserver aujourd'hui cette longueur d'avance.

Il y a 20 ans, Michel Déhu était pionnier, localement, dans le deéploiement de méthodes de luttes biologique comme la confusion sexuelle. (D.R.)

Michel et Benoît Déhu sont producteurs de Champagne sur une exploitation de 13 hectares près de Château-Thierry. « Quand dans les années 1990, j'ai introduit la confusion sexuelle et opté pour l'enherbement des vignes, cela a surpris » se rappelle Michel Déhu. « Mais aujourd'hui, sur la commune, ces pratiques sont en progression. Les mentalités ont bien évolué. »

« Je souhaite poursuivre la viticulture raisonnée commencée par mon père », complète Benoît Déhu qui a rejoint le domaine familial en 2004. « Il nous faut aller de l'avant et chercher à progresser pour toujours faire mieux pour préserver l'environnement. C'est un choix et une volonté que nous partageons, mon père et moi. »

« Et les domaines d'action sont nombreux. Sur la biodiversité par exemple avec des bandes fleuries, des espaces mellifères, des suivis des insectes pollinisateurs, des implantations de haies… Autres exemples : la récupération des eaux de pluie, l'utilisation de papier recyclé, la réflexion sur le bilan carbone, ne faire appel qu'à des fournisseurs situés à moins de 300 km. L'approche environnementale doit être globale. »

Passage au champagne bio

Dans la même logique, une partie du domaine (1,7 ha) vient d'être convertie cette année en agriculture biologique. « Dès 2015, nous pourrons donc proposer nos premiers champagnes bio mais aussi des coteaux Champenois rouge et blanc », précise Benoît. Ces cuvées proviendront d'une seule parcelle, d'un seul cépage (pinot meunier) et d'une vinification en fûts de chêne. « Très prochainement, ces fûts seront élaborés à partir de chênes de notre exploitation » poursuit Michel. « Nous possédons en effet une parcelle de bois dans laquelle nous avons abattu dix chênes, de 100 à 150 ans, pour en faire une quarantaine de fûts. Très peu de domaines viticoles ont la possibilité de fabriquer leurs propres fûts. C'est une véritable chance de pouvoir privilégier ce lien fort au terroir. »

« Toute cette réflexion sur une démarche environnementale innovante a tout intérêt à être partagée. Nous travaillons et échangeons ainsi beaucoup avec le GDV (groupement de développement viticole) de Crézancy, le cabinet de conseil Viti-concept (pour la partie viticulture biologique) ou encore avec la Chambre d'agriculture de la Marne, dans le cadre du réseau fermes Déphy, ces fermes testent des systèmes de culture économes en produits phytosanitaires », détaille Benoît. Ainsi, loin d'appréhender la préservation de l'environnement comme une simple contrainte, Michel et Benoît Déhu ont fait le choix de s'en saisir comme une opportunité de progrès et d'innovation.