Alimentation – climat – énergie : le triple défi du monde agricole en 2030

28 mai 2008 - La rédaction 
« Quelles agricultures pour demain ? » Telle était la question à laquelle devaient répondre les différents intervenants de la seconde conférence « Parlons agriculture » qui s’est déroulée le 21 mai à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris. Parmi les thèmes abordés : attentes sociétales, innovations, recherche, rôle et place des agriculteurs…

Difficile d’imaginer quels seront les défis du monde agricole et les désirs de la société en 2030. Pourtant, des réponses réalistes apparaissent déjà comme des évidences : doublement de la demande alimentaire pour répondre aux besoins de 9 milliards d’individus contre 6,5 milliards aujourd’hui, nécessité d’adapter la manière de produire au changement climatique et enfin, production d’énergie durable et/ou renouvelable dans une ère de raréfaction des ressources. Pour Hervé Lejeune, directeur du cabinet du directeur général de la FAO, «l’agriculture est le pivot du développement mondial ». Mais, cette agriculture de demain devra trouver son équilibre entre production alimentaire et non alimentaire, productivité et préservation des sols, augmentation des rendements et limitations des engrais et pesticides. Concilier ces attentes parfois contradictoires nécessitera des efforts de la part du monde agricole mais aussi des consommateurs. Ils devront peut-être revoir leur modèle alimentaire. Car pour Pierre Radanne, scientifique et président de l’association 4D (Dossiers et débats pour le développement durable), « le mode d’alimentation carnée européen ou américain n’est pas extensible à l’ensemble de la planète car l’animal est mis en concurrence avec des aliments susceptibles de nourrir des êtres humains. » Les agriculteurs des pays du Nord mais aussi ceux du Sud devront s’adapter à des politiques innovantes. Stéphane Hallegatte, ingénieur à Météo France et économiste au Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement) prévoit une diminution de 10% de la production dans les pays en développement et une augmentation de 5% dans les pays plus riches. « Il faudra s’adapter pour que le Nord soit en mesure de produire pour le Sud, et que les pays les plus pauvres aient des moyens d’échange pour financer leur dépendance alimentaire. », précise-t-il. class=

Miser sur la recherche et l’innovation
L’innovation et la recherche seront sans aucun doute les clés permettant d’atteindre ce triple défi de l’alimentation, de l’énergie et du climat. Pour Michel Griffon, directeur général adjoint de l’Agence nationale de la recherche, « il faudra utiliser toutes les technologies et les outils disponibles pour répondre de façon systémique aux enjeux de demain ». Un avis partagé par Marion Guillou, présidente directrice générale de l’Inra : « Toutes les disciplines doivent être sollicitées, biologie moléculaire comme écologie, à toutes les échelles, du gène à la plante, de la plante aux territoires ». Reste à faire accepter ces innovations aux consommateurs. En effet, « la perception de l’innovation par le public est un point sensible de notre agriculture de pointe, alerte Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Entre la production industrielle et le bio, il existe de vastes possibilités. Les AOC, les labels et le terroir doivent pouvoir co-exister avec la performance, la sécurité sanitaire et la recherche de faibles coûts. »

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