Apiculture : Lettre ouverte de l’Unaf au ministre de l’Agriculture

13 février 2014 - La rédaction 

La situation des apiculteurs français continue de s'aggraver.  C'est l'alerte lancée par l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf), à l'occasion de sa conférence de presse annuelle tenue le 11 février à Paris.

La production annuelle de miel en France n'a jamais été aussi faible : seulement 15 000 tonnes ont été récoltées en 2013 contre 20 000 tonnes en 2011 et 33 000 tonnes en 1995. « Il n'y a déjà plus de miel chez les apiculteurs français en ce moment », s'alarme Henri Clément, porte parole de l'Unaf. Par conséquent les importations atteignent des niveaux record : 26 000 tonnes de miel en provenance de Chine, d'Argentine et d'Europe centrale viennent combler le déficit. Une situation qui menace la viabilité des 2 000 exploitants professionnels (sur 70 000 apiculteurs).

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Sophie Dugué, vice-président de l'Unaf et Henri Clément, porte parole du syndicat (à gauche).

Si les mauvaises conditions climatiques sont en partie responsables, l'Unaf pointe aussi du doigt les pesticides. En 2013, l'Union européenne a déjà retiré partiellement du marché trois insecticides néonicotinoïdes, molécules présentes dans les insecticides, et le fipronil. Un premier pas important mais « pas suffisant » juge le syndicat qui demande, dans une lettre ouverte au ministre de l'Agriculture l'interdiction totale des néonicotinoïdes. « Le thiaclopride et l'acétamipride, également de la famille des néonicotinoïdes, ne sont pas concernés par l'interdiction alors qu'ils présentent les mêmes modes d'action que ceux interdits par Bruxelles ». Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, explique que « la toxicité chronique de ces deux molécules est similaire à celle des néonicotinoïdes interdits ».

L'Unaf s'attaque aussi à la « mention abeille » délivrée à certains produits phytosanitaires et fixant leurs conditions d'utilisation en vue de protéger les pollinisateurs. Pour le syndicat, cette mention serait attribuée à des produits « loin d'être inoffensifs pour les pollinisateurs ». Une « dérogation à l'interdiction de traiter en période de floraison ou de production d'exsudats » qui ne peut être considérée comme une mesure de protection des abeilles. L'Unaf presse le ministre de l'Agriculture de renommer cette mention et de renforcer le dispositif d'interdiction des pesticides en période de floraison.

Sans la mise en œuvre de ces mesures, l'Unaf émet de sérieux doutes quant à la réussite du plan de développement durable de l'apiculture lancé en février 2013. Un dispositif qui se trompe de priorité en visant d'abord l'installation de nouveaux apiculteurs. « La priorité c'est de sauver la production, pas de lancer les jeunes dans une activité dont la viabilité est clairement menacée », lance Henri Clément.

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