Camembert comme à la guerre… C’est une querelle historique qui vient peut-être de trouver sa conclusion. Et les rayons fromagerie vont peut-être y gagner en lisibilité. À la base de ce casus belli (caséine belli, en l’occurrence…) : la coexistence entre l’AOP « Camembert de Normandie au lait cru moulé à la louche » et le Camembert vendu sous la mention « fabriqué en Normandie ». Pas de quoi faire tout un fromage ? Ce n’est pas l’avis du député Richard Ramos (MoDem), qui déposait, le 12 mars 2019, des camemberts AOP dans les casiers de ses homologues de l’Assemblée pour les sensibiliser à la cause des producteurs sous signe de qualité, « menacés par les industriels jouant sur le possible amalgame des consommateurs, victimes de cette situation confusante ».
Garder la crème de la crème
Le problème était pourtant à ce moment-là déjà en voie de résolution. Le 25 janvier, en effet, c’est l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) qui annonçait un partenariat historique entre les acteurs des filières concernées. Un cap a été fixé, d’ici à 2021 : la construction et la mise en œuvre d’un cahier des charges unique visant à conforter un seul signe de qualité, l’AOP Camembert de Normandie. La mention « fabriqué en Normandie » disparaît.
Montée en gamme servie sur un plateau
La Sénatrice Nathalie Goulet organisait le 2 avril une rencontre, au Sénat, entérinant cette sortie de crise. « Cette issue favorise la montée en gamme d’une nouvelle filière de qualité qui impactera toute l’agriculture normande, car il contribuera à consolider et à sécuriser une filière lait de qualité non délocalisable en Normandie », se félicite-t-elle. La parlementaire indique que l’AOP Camembert de Normandie sera amenée à passer de 5 700 tonnes à 40 000 tonnes en 2021 et le nombre d’élevages sous AOP de 500 à 2 500 élevages à même échéance, soit un tiers des élevages et un quart du lait produit en Normandie.
Le compromis final propose deux niveaux de produits : un Camembert AOP « cœur de gamme » et un « haut de gamme », dépendants du nombre de vaches normandes dans les troupeaux (30 % et 66 %), de l’espace donné par vache lors du pâturage (seulement pour le haut de gamme) pour le bien-être de l’animal, ou encore du traitement du lait (impérativement cru pour le haut de gamme).
Sous la présidence toujours dynamique de la sénatrice @senateur61 , ouverture de la réunion sur le camembert de Normandie . #senat #camembertdeNormandie pic.twitter.com/BF6FiuYHZX
— Ch. SAINT-PALAIS (@ChStPalais) 2 avril 2019