Azote et qualité de l’eau en Côtes d’Armor : le dialogue ne coule pas de source

28 février 2012 - La rédaction 

Réunis début février, les agriculteurs du bassin versant de l'Arguenon (22) s'interrogent sur l'évolution des mesures agri-environnementales (MAE) spécifiques, qu'ils ont du respecter sur la période 2008-2012. En jeu : la prolongation des mesures de diminution de l'apport en intrants azotés. Leur objectif : trouver des interlocuteurs et faire en sorte que les décisions à partir de 2013 se précisent rapidement. Ces décisions conditionnent en effet les choix d'assolements qui se prennent dès la fin de l'été.
Ces MAE spécifiques avaient été mises en place suite à une plainte de l'association Eau et rivières de Bretagne, face à des dépassements du taux de nitrate dans les eaux du bassin versant de l'Arguenon.
Les contraintes en termes d'apport azoté sur la zone dépassent celles imposées par la directive nitrate : depuis 2008 les agriculteurs ont modifié leurs pratiques et diminuer les apports de 210 à 140kg d'azote par hectare. En échange, ils perçoivent une indemnité moyenne de 100 euros par hectare. La mise en place de ces mesures n'est pas sans conséquences sur les rendements. L'évaluation, qui n'a pour l'heure été rendue publique que pour le blé, s'établit à moins dix quintaux à l'hectare. restent à venir les estimations pour l'herbe et le maïs. « Avec l'augmentation des cours du blé, le manque à gagner augmente, et n'est plus couvert par les subventions », souligne Alain Tiengou, représentant à la Chambre d'agriculture des Côtes d'Armor.

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Eau et rivières de Bretagne

 

Une utilisation plus juste des engrais

La restriction a du bon : elle ne laisse pas de place au gaspillage, et pousse les agriculteurs à mettre « la bonne dose au bon moment ». Pour les aider, coopératives et négoces se coordonnent pour assurer un rôle de conseil : envoi d'« avertissements fertilisation » en fonction des données météo, du stade de culture et du niveau de décoloration des épis, synonyme d'un besoin en azote. Des campagnes de sensibilisation insistent sur les conditions d'épandage : suffisamment tôt, pour le fumier, et tard au contraire pour le lisier, car l'azote y est directement assimilable par la plante.

Eau et rivières de Bretagne craint un relâchement du cadre réglementaire

Les objectifs ont été atteints : les taux d'azote ont diminué, des contrôles à l'exutoire des affluents de l'Arguenon sont réalisés toute l'année, et une étude indique que l'apport d'azote actuel est en dessous de la capacité des cultures à intégrer cet élément. Jean-Adrien Caldy, animateur délégation Côtes d'Armor Eau & rivières de Bretagne, reconnaît une évolution positive des pratiques, mais rappelle que le maintien de la qualité de l'eau reste fragile. Il s'inquiète de la destruction illégale de zones humides, d'extensions d'élevages autorisées « même pour des zones excédentaires en azote ». De son point de vue, le problème est loin d'être réglé.
Pour l'animateur de l'association les réglementations instaurées depuis 2011 ont sacrifié les bonnes pratiques à la compétitivité. Le 9e programme d'action nitrates, plus souple, couplé à une plus grande tolérance pour les conditions d'épandage au niveau local, s'ajoutent à la menace de suppression des zones d'excédent structurel.

A l'issue du programme 2008-2012, deux scenarii s'imposent. S'il n'y a pas de renouvellement des MAE imposées, le risque de retour à la pollution des eaux est immédiat. A l'inverse, des restrictions trop importantes entraineraient une perte de rendements. Les agriculteurs font l'objet de « beaucoup de pressions, mais peu de concertations » admet Eau et rivières de Bretagne. Les conditions du dialogue semblent réunies du côté des agriculteurs et des associations environnementalistes. Restent à la concrétiser, avec le soutien des services de l'Etat.

 

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