La ferme Agro-écologie 3.0, située à Aizecourt-le-Haut (80), a ouvert ses portes le 2 juin aux agriculteurs de la région, dans le cadre des journées Innov'Action portées par l'APCA (1). Au menu : la découverte des innovations mises en œuvre sur les 340 ha de l'exploitation de Jean-Marie Doleau.
Aurélien Deceuninck, responsable du pôle productions végétales de la Chambre d'agriculture de la Somme
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« C'est un vrai test en grandeur nature, car nous menons des expérimentations sur une exploitation qui se doit d'être rentable », insiste Aurélien Deceuninck, responsable du pôle productions végétales de la Chambre d'agriculture de la Somme, l'un des partenaires du projet avec Agro-transfert ressources et Territoires. Cette ferme se veut un terrain d'essais des pratiques agro-écologiques et des nouvelles technologies utiles à leur appropriation.
Trois échelles d'expérimentation
Le pilotage de la fertilisation azotée par drone est mené sur les 170 ha de blé et orge de l'exploitation. Les 135 ha de pommes de terre et betteraves bénéficient d'apports de potasse et de phosphates de précision : les doses sont peuvent varier, au sein d'une même parcelle, en fonction des besoins.
520 micro-parcelles ont été créées pour tester différents itinéraires techniques utilisant moins de pesticides sur blé ou pour évaluer l'intérêt de l'association du colza avec des légumineuses. Enfin, 20 bandes servent à tester le non-labour sur colza ou encore l'implantation de mélanges d'espèces éligibles aux surfaces d'intérêt écologique (SIE), qui conditionnent certains aides de la Pac.
Le drone est équipé d'une rampe pour traiter localement les mauvaises herbes.
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Traiter les chardons par pulvérisateur embarqué sur drone
La Chambre d'agriculture de la Somme compte acquérir un drone « hélicoptère » pour détecter les mauvaises herbes sur la Ferme Agro-écologie 3.0. Un drone avec un logiciel de reconnaissance facial identifierait les chardons dans un champ de blé, les localiserait pour ensuite les traiter de façon ciblé avec un pulvérisateur embarqué. « Un litre de produit pourrait suffire au lieu d'avoir à utiliser un pulvérisateur », explique Aurélien Deceuninck.
Ce dispositif est encore au stade de l'expérimentation sur la Ferme 3.0 et il reste des difficultés techniques à lever. « Le logiciel doit être en mesure de connaitre tous les stades de développement du chardon pour être efficace », détaille le technicien. L'enjeu sera ensuite de faire communiquer toutes les étapes entre elles : reconnaissance des mauvaises herbes, transfert de l'information et traitement herbicide. Encore à ses balbutiements, la ferme devraient produire ses premiers résultats l'an prochain. « Nos résultats ne doivent pas rester dans notre coin, c'est pourquoi chaque année, nous dresserons un bilan des avancées », conclut Daniel Roguet, le président de la Chambre d'agriculture de la Somme.
(1) : Assemblée permanente des chambres d'agriculture