Biodiesel : « menace sur une filière innovante pourvoyeuse d’emplois »

18 octobre 2012 - La rédaction 

« La proposition de directive sur les biocarburants publiée par la Commission Européenne constitue une véritable menace pour la filière biodiesel, alerte Sofiprotéol(1) dans un communiqué du 17 octobre. S'il est adopté, ce texte aura des conséquences graves sur l'emploi, l'industrialisation des territoires et l'agriculture. Il risque en outre d'accroitre la dépendance alimentaire de l'Europe, avec la raréfaction des tourteaux, co-produits du biodiesel, indispensables aux animaux d'élevage. »

Le texte en question prévoit de limiter à 5% le taux d'incorporation des biocarburants dits de première génération dans les carburants fossiles, soit moitié moins que le taux d'incorporation précédemment défini par l'Union européenne, qui fixe en effet à 10% la part des énergies renouvelables dans les transports d'ici à 2020.

 

 class=

L'équivalent de 3 sites industriels d'estérification menacé
« Ce plafonnement constitue un revirement complet de la Commission et amène à s'interroger sur la cohérence de sa politique vis-à-vis des industriels engagés dans de lourds programmes d'investissement », poursuit Sofiprotéol, qui a construit des usines dimensionnées pour atteindre l'objectif de 10%. En France, le passage à un taux de 5% entrainerait une baisse de la production de biodiesel de 30%, soit l'activité de 3 sites industriels d'estérification, indique le groupe. Autre point d'inquiétude : le changement indirect d'affectation des sols, appelé facteur Casi. La prise en compte de ce facteur Casi permet d'imputer au biodiesel, de manière théorique, des émissions de gaz à effets de serre liées aux changements d'affectation des sols. « Même si ce facteur Casi figure à titre informatif dans le texte de la Commission, il donne au biodiesel un bilan environnemental très négatif ne reposant sur aucune étude scientifique fiable », note Sofiprotéol.

Risque sur l'indépendance alimentaire
« Si la proposition de directive menace l'industrie du biodiesel, elle compromet également l'innovation dans des filières d'avenir, comme l'oléochimie, qui utilise la glycérine du biodiesel, ou comme les biocarburants de deuxième génération, dont le financement dépend de la 1ere génération.

Enfin, la proposition de directive constitue un risque pour l'indépendance alimentaire européenne : la production de biodiesel assure en effet une co-production de tourteaux, protéines indispensables pour les animaux d'élevage et donc pour l'alimentation humaine. La baisse de la production de biocarburants de première génération accroitra la dépendance de l'Europe, qui importe déjà 70% de ses protéines, essentiellement des tourteaux de soja d'Amérique du Sud et Nord. »

(1) Créé en 1983 par des représentants du monde agricole, Sofiprotéol a pour mission de développer les débouchés et valoriser les productions oléagineuses (colza, tournesol…) et protéagineuses (pois, féveroles).

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter