Bois énergie et agrocombustibles : des pratiques culturales peu pénalisantes

9 mars 2012 - La rédaction 
Pour pallier le manque de données, le projet Green Pellets a réalisé une analyse de cycle de vie de la production de chaleur à partir d’agrocombustibles. Les émissions de gaz à effet de serre sont fortement réduites par rapport au gaz naturel et au fioul. Elles viennent essentiellement du séchage et de la granulation des végétaux ainsi que de l’étape agricole.

Les agrocombustibles, qui regroupent le miscanthus, le chanvre, le switchgrass, la paille ou encore les résidus d’entretien du territoire, ne posent pas de problèmes notoires en matière d’environnement. C’est l’une des raisons pour lesquelles peu d’études existent : l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Ademe, a réalisé un bilan environnemental en 2005 sur la filière bois énergie et un autre, en 2009, sur les cultures énergétiques mais qui ne va pas jusqu’à la combustion.
Aile (Agence locale de l’énergie) et l’organisme public de recherche- IFP Énergies nouvelles ont publié en septembre 2011 une analyse de cycle de vie (ACV) complet de la production de chaleur. Elle a été calculée à partir de granulés 60 % bois et 40 % miscanthus, en comparaison avec les filières 100 % bois, gaz naturel et fioul. Cette étude entre dans le cadre du projet expérimental Life+ Green Pellets sur la durabilité des filières agrocombustibles, réalisé en Bretagne et en Pays de la Loire de 2009 à 2011.

Dix fois moins de gaz à effet de serre que pour le fioul et le gaz naturel

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Sophie Merle, directrice de l’asso-cia-tion Aile

Résultats, la production d’un mégawatt heure (MWh) de chaleur biomasse à partir de granulés a généré l’émission de 27 à 36 kg de CO2 équivalent, soit dix fois moins que le gaz naturel ou le fioul. « Les principales émissions de gaz à effet de serre pour les agrocombustibles ne viennent pas des pratiques culturales, mais du séchage et de la granulation du bois, qui pèsent pour 35 % environ », indique Sophie Merle, directrice de l’asso-cia-tion Aile.
Les filières agrocombustibles sont comparables avec le bois. En effet, si les pratiques culturales du miscanthus entraînent- une production de GES plus importante que celle du bois, sa granulation consomme moins d’énergie car le produit est sec à la récolte. Quid des pratiques culturales ? « Vingt-cinq pour cent des émissions liées aux pratiques sont dues aux engins agricoles et au transport, deux postes où il est possible de faire des efforts, poursuit Sophie Merle. Soixante-six pour cent viennent, dans notre étude, de l’utilisation de potasse et de fumier qui fertilisent la culture. »
En revanche, la combustion de granulés de bois génère un potentiel d’acidification de l’air, responsable des pluies acides, deux fois plus élevé que celui du gaz naturel. Des chiffres plus importants encore avec les granulés mixtes bois-miscanthus qui entraînent une acidification 60 % plus forte que le granulé bois seul, principalement liée aux rejets d’oxydes d’azote (NOx) et d’oxyde de soufre (SO2) dans les fumées. « On peut diminuer fortement ce problème par le biais des chaudières, note Sophie Merle. Il faudrait des machines plus puissantes et une meilleure maîtrise des paramètres de combustion. »

Des chiffres discutables

L’exercice même de l’ACV rend les résultats discutables car ils sont liés aux données considérées. Ici, l’étude a pris comme hypothèse de départ un apport de lisier de porcs, du fait notamment de la forte présence d’élevage dans les deux régions, de l’utilisation de potasse et de pesticides. Or, pour certains, le miscanthus ne nécessite pas de tels apports, ce qui changerait évidemment les bilans environnementaux. Les responsables de l’étude campent sur leur position. « On a souvent dit que le miscanthus poussait sans intrants, argumente Sophie Merle. Ce n’est pas vrai. Il a besoin d’une fertilisation de départ en azote puis en potasse. »
Reste qu’aujourd’hui, la filière dispose de peu de débouchés commerciaux, à cause notamment d’un manque d’infrastructures logistiques, et parce qu’elle est plutôt réservée à des débouchés locaux.

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