Céréales et bonnes pratiques à Beaurepaire

2 décembre 2005 - La rédaction 
Respecter la faune et la flore sauvages, lutter contre les différents types de pollution, anticiper sur les futures normes de bonnes pratiques agricoles et communiquer vis-à-vis de l’extérieur : autant de raisons qui ont conduit Lionel Eydant, céréalier dans l’Isère, à rejoindre le réseau des fermes Agéris. Ce réseau, mis en place par le fabricant de produits de protection des plantes Syngenta, a pour objectif de montrer que rendement, qualité, respect de l'environnement sont des notions compatibles.

Avant d’intégrer le réseau des fermes Agéris, Lionel Eydant, qui exploite 200 ha de céréales à Beaurepaire (38), avait déjà développé sur sa ferme tout un ensemble de bonnes pratiques sur ses cultures. Producteur de semences en contrat avec la coopérative La Dauphinoise et lui-même chasseur, Lionel Eydant était déjà très sensibilisé aux questions de traçabilité et de respect de l’environnement, anticipant sur le fait que “ces bonnes pratiques agricoles deviendront peut être un jour un droit à produire”.

La collaboration avec le réseau des fermes Agéris a débuté en 2002 par l’enregistrement d’un état des lieux initial de l’exploitation pour permettre de mesurer les progrès réalisés. D’abord, un inventaire botanique a été conduit au printemps, puis à l’automne. Près de 280 espèces différentes ont été recensées. Un résultat satisfaisant puisqu’à partir de 200 espèces, une exploitation est considérée comme comprenant une bonne biodiversité. Ensuite, deux audits ont été menés en collaboration avec Arvalis, organisme technique : Aquasite, qui propose un diagnostic des risques de pollution au siège de l’exploitation (stockage des phytos, pulvé, etc.) et Aquaplaine, un diagnostic des risques de pollution au champ par les produits phytosanitaires en mesurant les mouvements de l’eau sur les parcelles.

Haies et bandes enherbées

De ces audits ont découlé une série de mesures à prendre. Première d’entre elles : la

Pour limiter le ruissellement et le lessivage, Lionel Eydant a planté 1 km de haies buisson comprenant une vingtaine d’espèces. Des haies qui servent de refuge aux insectes et au gibier (perdrix, lièvres, grives, merles…).

plantation d’une haie pour ralentir les ruissellements et le lessivage. “À l’automne 2002, j’ai planté deux haies buisson de 500 mètres chacune sur l’exploitation, explique Lionel Eydant. Elles contiennent 20 espèces d’arbres et arbustes, plantées en quinconce sur deux rangs à 60 cm d’intervalle. Ces haies constituent de véritables refuges pour les insectes et le gibier. Je peux déjà observer la présence de lièvres, de perdrix, de grives et de merles.”

Ensuite, Lionel Eydant a dû élargir à 10 mètres des bandes enherbées de 4 à 5 mètres, qui avaient déjà été mises en place pour des raisons de commodité, afin de mieux manœuvrer sur son exploitation. “J’ai aussi réalisé des mélanges de semis sur ces bandes. En plus du ray-grass, j’ai semé de la fétuque et du trèfle blanc”. Une opération pilote est en cours sur ces bandes enherbées. Il s’agit de recenser la population d’insectes auxiliaires du sol, c’est-à-dire ceux qui luttent contre les insectes nuisibles. Dans une parcelle témoin sans bande enherbée, on a compté 45 espèces d’insectes différentes. Une bande vient d’être semée à l’automne 2005. Prochain inventaire dans deux ans afin de mesurer l’impact de l’enherbement des bordures sur les populations d’auxiliaires. Objectif : mieux raisonner les luttes. Dans ce domaine, des premières mesures ont été prises. “Sur certains sols de l’exploitation, j’ai pu limiter les traitements de désherbage sur blé : je ne fais plus de préventif à l’automne, j’attends les pousses d’adventices (mauvaises herbes) au printemps pour traiter à vue. Ces observations parcellaires permettent de mieux « raisonner » les interventions.”

Autre innovation : Lionel Eydant compte aménager ses bordures de colza d’hiver avec des cultures à floraison décalée. Il projette de semer des moutardes ou du colza de printemps, deux plantes qui fleurissent quinze jours avant et qui pourraient servir de leurre à certains ravageurs.

Objectif agriculture raisonnée

Au bilan, son implication dans le réseau Agéris lui a beaucoup apporté en termes de communication avec son fournisseur : “j’ai gagné énormément en contacts et en informations sur les produits homologués et, surtout, sur les normes à venir que je peux ainsi mieux anticiper. Et puis je communique aussi énormément vis-à-vis de l’extérieur : mon exploitation sert un peu de site pilote pour les producteurs de la région qui viennent s’inspirer de mes pratiques pour les mises aux normes. L’idée est de leur montrer que ces pratiques sont souvent très simples à mettre en œuvre”. En projet pour ce printemps 2006, la réalisation sur l’exploitation d’un “parcours nature”, qui montre, avec panneaux explicatifs à la clé, l’intérêt du respect de la biodiversité sur une exploitation agricole. Suite logique de ses démarches, Lionel Eydant a réalisé à la fin de l’année 2005 un pré-audit avec la Chambre d’agriculture pour obtenir la qualification Agriculture raisonnée.

Lutter contre les risques des phytos

Sur son exploitation, Lionel Eydant a limité les risques de pollution par les produits phyto en construisant un nouveau local de stockage et une aire de remplissage de son pulvérisateur, bétonnée, avec un bac de récupération qui sert également de station de lavage du matériel agricole. Petit plus : il teste le système “Ecosec”, un bac de déshydratation des effluents développé par Syngenta. Le toit transparent permet à la lumière de rentrer dans le bac pour accélérer l’évaporation et, au fond, une bâche plastique permet de recueillir les résidus solides. Cette bâche, semblable à celles utilisées pour l’ensilage, est ensuite détruite dans le parcours des déchets industriels. Une solution simple, mobile et peu coûteuse que Syngenta cherche à faire reconnaître comme système de gestion des effluents.

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter