“Chauffage à l’huile,un surcoût vite rentabilisé”

27 octobre 2005 - La rédaction 
Ayant acquis une presse à colza en Cuma (Coopérative d'utilisation de matériel agricole), Thierry Boisgontier, agriculteur dans l’Orne, a équipé sa maison neuve d’une chaudière à fioul, modifiée par son installateur, pour pouvoir brûler de l’huile végétale pure.

Installé en Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun) avec quatre associés, Thierry Boisgontier a récemment fait construire sa maison personnelle à quelques encablures de l’exploitation agricole. Dans sa réflexion sur l’équipement de chauffage, l’agriculteur a intégré la possibilité de valoriser une partie de la production de sa ferme. L’exploitation de vaches laitières s’étale sur 180 hectares, dont une quinzaine sont consacrés, depuis quatre à cinq années, à la culture de colza. Parallèlement, la Cuma locale (Coopérative d’utilisation de matériel agricole) s’est équipée d’une presse à colza, dans le but d’utiliser l’huile comme carburant des tracteurs pour la plupart des adhérents. Le Gaec s’est, quant à lui, associé à l’achat, afin de vendre au détail des bouteilles d’huile de colza, et de compléter ainsi l’offre en poiré et en cidre déjà proposée à la ferme. Thierry Boisgontier a lancé le pari auprès de son chauffagiste, Christian Barré, d’utiliser l’huile végétale pour chauffer sa maison, challenge que artisan a bien voulu relever. “J’ai pris la responsabilité de l’installation car le constructeur de chaudières ne voulait pas se mouiller”, affirme ce dernier.

Christian Barré (à droite) et Thierry Boisgantier, respectivement, chauffagiste à la Chapelle-d’Andaine dans l’Orne, et agriculteur à Sept-Forges dans le même département, ils se sont lancés avec succès dans la mise au point d’une chaudière à huile végétale.

C’est donc sur la base d’une simple chaudière à fioul que le chauffagiste a effectué quelques modifications. “L’huile de colza a des propriétés physiques et de combustion qui nécessitent des aménagements et un certain type de chaudière, explique l’installateur. En effet, il faut un foyer assez large car la flamme est grande et la température de combustion élevée (250 °C contre 130 °C pour la combustion du fioul à basse température).”

Du fait de sa viscosité à basse température, un réchauffeur constitué d’une simple résistance électrique de 500 W fluidifie l’huile en élevant sa température à 140 °C. Bien que l’huile soit déjà filtrée à 5 microns, un filtre a été placé par sécurité avant l’injecteur. Par ailleurs, un compresseur envoie de l’air comprimé à 0,5 bar dans la chambre de combustion, afin de pulvériser davantage l’huile et d’orienter la flamme dans la direction voulue. Le brûleur a également été choisi en fonction du carburant et peut même passer de l’huile de friture. Restent les conduits entre la cuve de stockage et la chaudière qui ont été surdimensionnés, afin de tenir compte de la viscosité de l’huile.

La chaudière à fioul a subi quelques modifications (préchauffage électrique à 140 °C, compresseur d’air, conduits de taille plus importante, etc.), afin de l’adapter aux caractéristiques physiques de l’huile végétale.

Montée en automne 2005, la chaudière a fonctionné sans aucun problème pendant tout l’hiver. L’agriculteur nous dresse un premier bilan : “Elle ne consomme pas beaucoup plus qu’une chaudière à fioul traditionnelle. Il m’a fallu 2 500 litres d’huile au total, alors qu’il faut compter normalement entre 2 200 et 2 400 litres de fioul pour chauffer une maison de 140 m². Et encore, ces valeurs ne tiennent pas compte des besoins supplémentaires de chauffage pour assainir une maison neuve la première année, comme c’était le cas pour moi. Concernant l’entretien, nous n’avons pas noté d’encrassement particulier au niveau du filtre, de la chambre de combustion ou des conduites d’évacuation de la fumée. Seul un petit dépôt d’huile est à noter au niveau de l’accrocheur de flamme, ce qui nécessite un petit nettoyage mensuel d’un quart d’heure. Reste à installer un déshumidificateur d’air à l’entrée du compresseur, afin d’améliorer le rendement énergétique qui atteint tout de même 92 % (93 à 94 % pour le fioul)”.
Le surcoût de l’installation s’élève à 2 500 euros, mais devrait vite être amorti. L’huile revient à 40 centimes du litre, contre plus de 70 centimes pour le fioul. “Même en tenant compte de la consommation d’électricité supplémentaire du réchauffeur et du compresseur, cela fait largement plus de 25 centimes d’économie réalisée à chaque litre de carburant brûlé, explique Thierry Boisgontier. C’est pourquoi, je pense que le surcoût sera rentabilisé en moins de quatre hivers. Et heureusement d’ailleurs, car je n’ai pas eu droit au crédit d’impôt, du fait de la polyvalence (huile-fioul) de la chaudière.”

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