Colza OGM – Impact sur les pratiques de désherbage et l’environnement

14 février 2006 - La rédaction 
Les plantes transgéniques sont expérimentées en France depuis plus de dix ans et le législateur a mis en place dès 1986 un dispositif d’évaluation a priori de ces conséquences. Le colza tolérant à un herbicide constitue un bon exemple pour illustrer les différentes questions liées à l’impact des plantes transgéniques en agriculture. L'utilisation de ces variétés ouvre en effet la porte à de nouvelles pratiques de désherbage, avec des conséquences sur l'environnement. Le Cetiom, l'organisme technique de recherche et de développement au service des productions oléagineuses françaises, explique ici comment les évaluer en prenant en considération le court et le plus long terme.

Pour identifier les risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires, on étudie les effets de ces produits :

• sur les organismes vivants : homme, faune, flore
• sur les ressources et les lieux ou peuvent s’exprimer des pollutions : eaux superficielles, eaux souterraines, sols, air.

Il existe plusieurs méthodes pour évaluer l’impact sur l’environnement d’un colza tolérant à un herbicide à large spectre.

Bénéfices attendus

Les différents travaux effectués montrent que l’introduction des herbicides à large spectre (glufosinate et glyphosate) devrait dans l’immédiat :

• réduire les quantités de matière active appliquées dans la zone de culture du colza. Les programmes à base d’herbicides totaux sont plus économes de ce point de vue que les programme de désherbage classiques actuels.

• réduire le risque de présence des matières actives dans les eaux souterraines. L’évaluation des risques de pollution par l’indicateur I-phy montre que cet avantage s’estompe quand le milieu s’avère sensible aux phénomènes de ruissellement et de dérive vers les eaux superficielles.

• réduire le risque pour la flore et la faune aquatique. Les profils écotoxicologiques du glufosinate et du glyphosate sont en effet sensiblement plus favorables que ceux des produits auxquels ils se substituent.

La vigilance s’impose

Ces bénéfices attendus sont à nuancer par quelques observations complémentaires. En effet, à plus long terme :

• le développement de repousses de colzas tolérants aux herbicides à large spectre peut entraîner la nécessité de recourir à une ou plusieurs matières actives complémentaires dans la rotation.
• les changements de pratiques de désherbage peuvent induire à long terme l’apparition de résistances aux herbicides correspondant, ou des dérives de flore. Ceci pourra entraîner en retour des modifications de pratiques de désherbage (possibilité d’augmentation des traitements chimiques).

Par ailleurs, l’ensemble des méthodes utilisées prennent en compte les caractéristiques des matières actives concernées, mais pas celles de leurs produits de dégradation, ni la persistance de ces produits dans le sol.

Méthodes d’évaluation

I-phy est un indicateur mis au point par l’INRA et utilisé au CETIOM pour évaluer l’impact de différents programmes de désherbage sur un milieu donné. Cet indicateur rend compte de la complexité du phénomène de pollution par les produits phytosanitaires, car il faut tenir compte à la fois des risques d’exposition aux produits, et de l’effet de ceux-ci sur les organismes vivants.

I-Phy prend en compte plusieurs types de variables :

• variables liées à la matière active : persistance, potentiel de lessivage, potentiel de volatilisation, toxicité chronique et écotoxicité.

• variables liées au milieu (à la parcelle) : potentiel de lessivage, possibilité de dérive vers les cours d’eau, sensibilité au ruissellement.

• variables liées aux conditions d’application : dose, positionnement (sol, couvert).

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